Au seizième jour du procès Khalifa, c'est au tour des membres de la commission bancaire de défiler à la barre. Il est vrai que beaucoup attendaient avec impatience le témoignage du ministre des Finances, M. Mourad Medelci ; néanmoins, avec les retards pris au cours des interrogatoires des différents témoins, lundi, cela n'a pu se faire. La présidente appela le premier témoin, M. Djilali Hadj Sadouk, à la barre. Celui-ci est un ancien magistrat à la Cour suprême et un des membres de la commission bancaire de la Banque d'Algérie. Djilali Hadj Sadouk dira qu'il a été désigné à cette fonction le 2 décembre 2002, ce qui avait coïncidé avec la décision de gel des activités de commerce extérieur de la banque Khalifa. Il faut dire que cette décision était une mesure provisoire et vu que c'était son premier jour de travail, il n'a fait qu'adopter cette décision. Dans ce contexte, M. Hadj Sadouk souligne que "durant cette période on a effectué un contrôle et dans le rapport on a signalé la mauvaise et dangereuse gestion qui régnait au sein de la banque Khalifa". C'est à ce moment là que la présidente lui demanda si lors de son arrivée on lui avait donné un aperçu sur la situation de la banque ? Le témoin répondra par l'affirmative "oui, lors d'une réunion, ils nous ont informé que la banque Khalifa était en dégradation et je dirai même catastrophique", dira-t-il. Il ajoute également qu'"après mon arrivée, et au cours d'une assemblée, ils ont désigné les inspecteurs qui devaient effectuer un nouveau contrôle à El Khalifa Bank, ensuite on a pris le décision de désigner un administrateur provisoire, qui était, rappelons-le, M. Mohamed Djellab, et sa mission était d'essayer de secourir la banque en question et non pas de suspendre ses activités ; mais après son échec, il a pris la décision de liquider cette banque, en soulignant qu'on avait donné à Khalifa un sursis". La présidente demanda ensuite au témoin son avis à propos des différentes chances qu'avait donné le gouverneur général de la Banque d'Algérie, à l'époque M. Abdelouaheb Keramane, à Moumène Khalifa pour qu'il rétablisse la situation au sein de sa banque et remédier à toutes les irrégularités, notamment en ce qui concerne l'article139 ; le membre de la commission bancaire répond que "la situation d'El Khalifa Bank n'était pas normal". Interrogé sur la poursuite des opérations de transfert d'argent à l'étranger, et cela malgré la décision du gel, et la présence des inspecteurs sur les lieux, M. Sadouk indiquera qu'"on a entendu dire qu'il y a eu des opérations et il y avait des personnes qui avaient traversé la Méditerranée avec des sacs d'argent, et moi personnellement je qualifie cela d'opérations clandestines". C'est à ce moment là que la présidente intervient en lui répliquant que ces opérations ne passent pas par la voie normale, et lui demanda si la Banque d'Algérie avait pris les bonnes mesures d'El Khalifa Bank ne serait pas arrivé à ce stade. M. Sadouk rétorqua alors : "d'après ma connaissance du dossier, je peux dire que la Banque d'Algérie a fait tout ce qui est dans son champs d'intervention, et elle ne pouvait pas s'immiscer dans la gestion de l'établissement, surtout que les montants des fonds sortant de la caisse principale étaient écrites sur des bouts de papiers". Par ailleurs, c'était au tour de M. Brahim Ben Ziada, ancien cadre à l'inspection générale de la Banque d'Algérie et membre de la commission bancaire de passer à la barre. Il dira d'emblée : "J'ai été désigné à ce poste par le ministère des Finances au même moment que M. Sadouk". Concernant le délai qui a été accordé à El Khalifa Bank pour régulariser la situation et les sanctions qui n'ont pas été prises contre elle, le témoin indiquera que cela dépend de la situation, si il y a un danger réel on passe à la sanction. Autrement M. Ben Ziada a réaffirmé ce qui a été dit par M. Hadj. Même son de cloche du troisième témoin, M. Namousse Omar, un autre membre de la commission bancaire, qui a été désigné pour son deuxième mandat en 2002. Il serait utile de signaler que contrairement aux deux qui l'ont précédé, Namousse Omar a été membre de la commission bancaire en 1997, à l'époque de Abdelouhab Keramane, et a suivi la crise de la banque Khalifa depuis le début et a assisté à tous les contrôles qui ont été faits par cette commission. Dans l'après-midi, la présidente de l'audience a procédé à l'interrogatoire de M. Kamel Akhrouf, secrétaire général de la commission bancaire. Celui-ci indiquera que plusieurs rapports de la direction générale de l'Inspection générale de la Banque d'Algérie n'ont pas été transmis à la commission bancaire. C'était ensuite, au tour de M. Boubakraoui Omar, membre de la direction des risques à la direction générale des crédits de témoigner. Celui-ci dira que Khalifa n'avait pas déclaré tous les crédits qu'elle avait alloué, en n'ayant déclaré que 1, 5 milliards de dinars. Pour rappel, le montant des crédits alloués par Khalifa Bank ont atteint la bagatelle des 92 milliards de dinars.