Une "mini-jirga" s'est ouverte, hier, à Islamabad, rassemblant des chefs tribaux ainsi que des responsables afghans et pakistanais, pour évoquer la lutte contre les violences liées à la présence de talibans et combattants d'Al-Qaïda le long de leur frontière commune. Cette assemblée de deux jours est une répétition, à une moindre échelle, d'une "jirga" (conseil tribal), ou assemblée traditionnelle, organisée par des deux pays en août 2007. "L'Afghanistan comme le Pakistan sont confrontés au terrorisme et doivent faire face ensemble à ce défi", a déclaré le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, à l'ouverture de l'assemblée. Cinquante personnes participent à cette réunion, 25 pour chacun des deux pays, dont des responsables gouvernementaux, des leaders politiques ainsi que des chefs des tribus pachtounes qui peuplent les régions frontalières de l'Afghanistan et du Pakistan. Les talibans afghans, au pouvoir à Kaboul de 1996 à 2001, tout comme les groupes de talibans pakistanais, qui se sont constitués plus récemment, appartiennent à l'ethnie pachtoune. Washington et Kaboul réclament au Pakistan des efforts accrus dans la lutte contre les talibans, afghans et pakistanais, et leurs alliés du réseau terroriste Al-Qaïda qui ont trouvé refuge dans les zones tribales du Pakistan et sont accusés de mener depuis ces régions des attaques contre les troupes étrangères sur le sol afghan. Le Pakistan est lui frappé depuis juillet 2007 par une vague d'attentats suicide qui a fait plus de 1.300 morts, et accuse les talibans soutenus par Al-Qaïda d'en être responsables. Récemment, des tribus pachtounes ont constitué des milices tribales qui soutiennent le gouvernement pakistanais dans sa lutte contre les islamistes. L'armée pakistanaise est elle engagée depuis le mois d'août dans une difficile offensive contre les insurgés dans le district tribal de Bajaur. "Le Pakistan est aujourd'hui plus déterminé que jamais à empêcher quiconque d'utiliser son territoire pour des activités hostiles à un autre pays", a lancé M. Qureshi. Il a aussi promis que les "combattants étrangers", terminologie officielle désignant Al-Qaïda, seraient expulsés, tout en réaffirmant que "la souveraineté du Pakistan serait défendue à n'importe quel prix". Cette dernière remarque répond aux tirs de missiles américains qui s'intensifient sur les zones tribales pakistanaises. La dernière frappe en date, dimanche, a fait 16 morts, dont un chef taliban pakistanais. Le chef de la délégation afghane, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, a souligné que "les deux pays étaient au centre" du terrorisme. "Tous deux font des efforts communs face à ce défi", a-t-il ajouté. Selon la presse locale, les travaux de l'assemblée doivent déboucher sur des propositions qui seront adressées aux deux gouvernements.