Les deux candidats à la Maison Blanche étaient engagés jeudi dans une course contre la montre frénétique, à cinq jours de l'élection présidentielle, profitant des derniers chiffres maussades sur la croissance pour s'attaquer mutuellement sur leurs programmes économiques. L'économie américaine s'est contractée de 0,3% au troisième trimestre en rythme annuel, sa plus forte baisse en sept ans. Même si cette baisse du produit intérieur brut (PIB) est moins forte que prévu, c'est une mauvaise nouvelle pour le camp républicain, au pouvoir depuis huit ans, et un signe que les Etats-Unis pourraient être au bord de la récession. Les dépenses de consommation ont quant à elles chuté de 3,1% au troisième trimestre leur première baisse depuis 1991. Ces chiffres "sont le résultat direct de la politique désastreuse de l'administration Bush, qui a fait passer les intérêts de Wall Street avant ceux des Américains moyens, une politique que John McCain a soutenu ces huit dernières années et qu'il entend poursuivre les quatre prochaines", a dit le candidat démocrate Barack Obama à Sarasota (Floride, sud-est)."Si vous voulez savoir où John McCain conduirait cette économie, regardez dans le rétroviseur car, quand il s'agit d'économie, John McCain était au côté de George W. Bush", a insisté M. Obama devant quelque 13.000 partisans. Il a accusé l'administration républicaine d'avoir mis l'économie américaine "dans le fossé". Dans un entretien diffusé en soirée sur la chaîne NBC, M. Obama a affirmé que le prochain président allait "probablement hériter d'une récession significative". Un sondage à paraître vendredi dans le New York Times accorde 12 points d'avance à M. Obama (52% contre 41%). Le quotidien souligne que la plupart des électeurs affirment avoir arrêté leur choix et le nombre d'électeurs indécis n'est plus que 5%.Adoubé mercredi soir par l'ancien président Bill Clinton au cours d'un meeting qui a rassemblé quelque 35.000 personnes aux alentours de minuit près d'Orlando (Floride, sud-est), M. Obama avait prévu jeudi de tenir trois rassemblements électoraux dans trois Etats différents. Outre Sarasota, il était attendu à Virginia Beach (Virginie, est) et à Columbia (Missouri, centre). "Quand les bureaux de vote fermeront mardi soir, je n'ai pas envie de me dire: il y a quelque chose que je n'ai pas fait ici, il y a un point de mon programme que je n'ai pas expliqué là, il y a une main que je n'ai pas serrée ici", a dit M. Obama, interrogé sur la chaîne ABC News. Le candidat républicain John McCain, qui espère toujours un renversement de tendance, faisait campagne à Defiance dans l'Ohio (nord), l'Etat où l'élection présidentielle s'est décidée en 2000. "Nous sommes quelques points en arrière, mais nous sommes en train de revenir", a dit M. McCain à environ 6.000 de ses partisans transis de froid. Un peu plus tard, au cours d'un autre meeting dans l'Ohio, M. McCain a reçu le soutien de "Joe le plombier", présenté par le camp républicain comme le symbole des petits entrepreneurs qui seraient étranglés par le plan fiscal du candidat démocrate. "Joe le plombier" qui s'appelle en fait Samuel Wurzelbacher, qui n'a pas sa licence de plombier et qui, selon les revenus qu'il déclare au fisc, ne serait pas concerné par les hausses d'impôts que M. Obama veut infliger aux personnes gagnant plus de 250.000 dollars par an, a appelé à voter pour le candidat républicain. Depuis 1960, aucun candidat n'a gagné la Maison Blanche sans remporter l'Ohio et les sondages montrent M. McCain légèrement à la traîne dans cet Etat derrière M. Obama. "Je sais combien est important l'Ohio. Je comprends l'importance du coeur de l'Amérique et j'ai besoin de vos suffrages. J'ai besoin que vous alliez voter dans cinq jours", a dit M. McCain.