La campagne frénétique pour la Maison Blanche touche à sa fin et l'Amérique retenait son souffle samedi à trois jours d'une élection présidentielle d'ores et déjà historique. Pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis, un candidat noir, le démocrate Barack Obama, pourrait devenir président et une femme, la républicaine Sarah Palin, occuper le poste de vice-président de la première puissance mondiale. Les Américains vont élire leur président alors que les Etats-Unis sont engagés dans deux guerres qui semblent sans fin en Irak et en Afghanistan et que la crainte d'une récession est plus vive que jamais. Selon le site indépendant RealClearPolitics (RCP), qui établit une moyenne des sondages, le candidat démocrate disposait vendredi soir d'un avantage de plus de six points sur son adversaire (50% contre 43,5%). Mais, dans le complexe système électoral américain, il s'agit moins de gagner le vote populaire que d'engranger au moins 270 des 538 grands électeurs qui composent le Collège électoral. L'élection se joue dans une dizaine d'Etats indécis, les "swing States", capables de basculer d'un camp à un autre jusqu'à la dernière minute et de faire la décision. En 2000, George W. Bush a remporté la présidentielle avec moins de voix que son adversaire démocrate Al Gore au niveau national. En 2004, l'élection s'est jouée dans un seul Etat, l'Ohio (nord), remporté par M. Bush avec un peu moins de 120.000 voix d'avance sur plus de 5,6 millions de suffrages exprimés. Ces derniers jours, Barack Obama, et le candidat républicain John McCain ont multiplié les déplacements dans plusieurs Etats clefs, dont la Floride. Et ils ne prévoyaient pas relâcher leurs efforts. Samedi, le candidat républicain était attendu en Virginie (est) et en Pennsylvanie (est). M. Obama avait prévu de tenir au moins trois meetings dans trois Etats différents: Nevada (ouest), Colorado (ouest) et Missouri (centre). Le fait que M. McCain fasse campagne dans un Etat comme la Virginie n'est pas un bon signe pour les républicains et confirme que leur candidat est sur la défensive. La Virginie n'a pas voté pour un candidat démocrate à la présidentielle depuis 1964 et selon RCP, M. Obama y compte une avance de plus de six points. La Pennsylvanie est le seul Etat remporté en 2004 par le démocrate John Kerry que convoite John McCain. Mais là encore, les sondages ne sont pas à son avantage. Selon RCP, M. Obama le devance de plus de 9 points. Au contraire, M. Obama a choisi de passer les derniers jours de campagne dans des Etats qu'avait remporté M. Bush en 2004. La campagne démocrate compte conserver tous les Etats gagnés par M. Kerry en 2004 et faire basculer plusieurs Etats "républicains". Selon les instituts de sondage, cet objectif semble réaliste. Mais M. McCain, 72 ans, n'est jamais aussi combatif que quand il est donné perdant. En campagne vendredi dans l'Ohio, il a promis à ses partisans enthousiastes de faire mentir les sondages mardi, dénonçant au passage le programme "socialiste" de M. Obama. Barack Obama, 47 ans, cherche quant à lui à convaincre ses partisans que la partie n'est pas encore gagnée, afin de maintenir la mobilisation. Le démocrate ne cesse de rappeler la mésaventure dont il fut victime durant les primaires démocrates. Donné favori dans le New Hampshire, il avait levé le pied, permettant à sa rivale Hillary Clinton de se remettre en selle. La course à l'investiture démocrate avait été relancée et a duré jusqu'en juin. En campagne vendredi dans l'Iowa, M. Obama a prédit qu'au cours des prochaines 72 heures la campagne républicaine allait pratiquer "la politique de la terre brûlée, dire n'importe quoi et faire n'importe quoi".