"Nous voulons faire de l'Algérie un levier de bataille pour la finance islamique en Afrique, notamment dans la zone du Maghreb", c'est du moins ce qu'a déclaré Zoubeir Ben Terdeyet, consultant manager de la société française Isla-Invest consulting, lors d'un forum organisé à Alger sur les perspectives de la finance islamique en Algérie. Pour Ben Terdeyet, il faut vulgariser le concept. Les débats de ce forum ont été centrés sur modalités de développement d'un système financier conforme à la charia. Trois thèmes relatifs au marché de la finance islamique en Algérie, aux métiers de cette finance et aux défis à relever sur le plan réglementaire et des compétences humaines ont été débattus. Par ailleurs, Fouaz Sid, gestionnaire Grands comptes chez Société Générale Algérie, a affirmé en marge du forum, que cette dernière va lancer deux nouveaux produits islamiques pour ses clients en Algérie, en février de l'année prochaine. Selon lui, le ministre des Finances, Karim Djoudi, et le gouverneur de la Banque d'Algérie ont sollicité les banques a ouvrir des guichets pour les fiances islamiques. Pour sa part, le directeur central d'El Baraka Banque Algérie a émis le veux d'adapter la législation bancaire existante dans notre pays aux principes de l'islam ; en d'autres termes élaborer une législation spécifique pour les banques islamiques pour les accompagner au développement. Depuis les années 70, la finance islamique vise à développer une forme bancaire conforme aux principes de la charia. Elle représente plus de 700 milliards de dollars d'actifs gérés dans le monde selon les principes de la sharia et enregistre une croissance de plus de 15 % sur les dix dernières années. Aujourd'hui, 37 institutions financières opèrent en Afrique pour une population musulmane de 412 millions d'habitants. Selon une étude de Moody's, le marché estimé en Afrique est de 235 milliards de dollars pour un volume actuel de 18 milliards, un potentiel de croissance important. L'Algérie est devenue une terre de prédilection au Maghreb pour les banques islamiques avec la présence d'Al Baraka Banque depuis 1999 qui aspire à atteindre un chiffre d'affaires de deux milliards de dinars d'ici la fin de l'année selon le DG d'Al Baraka, Nacer Haidar, l'arrivée de Salama Assurance, et Al Salam Bank Algeria qui vient d'ouvrir et enfin Abou Dhabai Islamique (ADIB) et KFH Banque qui sont également en lice pour un agrément. Il faut dire que cette présence de ses institutions financières islamiques va œuvrer à un positionnement durable dans les marchés des risques des particuliers, des PME-PMI, et la mise en place d'un réseau diversifié dense et performant. E outre, cette présence va permettre l'offre de nouveaux produits et services. Cependant, l'arrivée en France des banques et des techniques financières conformes aux préceptes de l'islam a désormais cassé le tabou. De nombreux signes témoignent de l'intérêt de la place de Paris, comme la tenue du premier Forum français de la finance islamique. Au moment où les pétrodollars affluent, Paris veut concurrencer Londres, pionnière en Europe, et envoyer un signal aux investisseurs et aux clients du Golfe. Les banques s'intéressent aussi aux perspectives de ce marché en France ou au Maghreb. Pour rappel, la finance islamique proscrit notamment l'usage de l'intérêt, auquel est préférée une marge bancaire, ou l'investissement dans l'alcool, l'armement, les jeux d'argent.