Elle est typée avec sa peau dorée au sable du Sahara, ses grands ergs qu'elle connaît bien pour les avoir ancrés dans son iris de femme libre comme le vent du sable.Soha, la chanteuse algéro-française qui est en train de monter de plus en plus haut dans les hit, a un calendrier chargé.Elle fait depuis le mois dernier le tour des salles françaises pour des concerts mémorables où elle propose bien sûr un tas de variétés ainsi que des morceaux de son succulent, " D'ici et d'ailleurs." Originaire du Sahara Occidental Soha est née de parents algériens qui étaient venus à une période précise s'installer dans la ville de Marseille. C'est là qu'elle naîtra et qu'elle grandira au son de chants traditionnels hérités de sa mère d'abord, comme le langage maternel, puis les sons du disco, du funk, de la soul et de la chanson française. Tout comme ses huit frères et sœurs, elle fera ses classes au contact des sound-systems reggae, mais aussi lorgné du côté des grandes voix féminines du jazz. Le vrai déclic a été la rencontre décisive avec l'une des plus grande voix du jazz féminin, Celia Cruz (1925 - 2003) et des succès afro-cubains du milieu du siècle dernier. Une complicité artistique se noue entre les deux femmes. " Son univers cubain me rappelle Marseille. Ses rythmes, je les connais. Ils sont en moi depuis toujours parce qu'ils viennent avant tout d'Afrique.", assure Soha. La chanteuse se plonge alors dans les rythmes afro-cubains des années 1930 à 1950. Soha, qui chante en français, en espagnol et en anglais, visait un métissage heureux entre ses influences française, latine, cubaine, nord-africaine, capverdienne et jamaïcaine, mais sans s'éparpiller. Son voyage ensoleillé, dansant et mélancolique, a abouti à un album de 12 titres aussi inattendu que séduisant dès la première écoute. Conçu et réalisé avec la complicité du compositeur-producteur François Essertier et du parolier François Welgryn, " D'ici et d'ailleurs " contient des pépites comme " Tourbillon " et l'entraînant " C'est bien mieux comme ça ", entre chanson française et morna du Cap-Vert, dans lequel Soha chante " On ne peut pas se défaire / De l'endroit d'où l'on vient / La mère et l'enfance ne sont jamais très loin... " Comme disent les critiques, "le vent du désert coule dans ses veines et les chants traditionnels algériens sont tatoués en transparence sur sa voix. C'est elle, sa mère, originaire des terres de Nubie, qui lui transmettra son amour pour la musique. " Dans l'appartement familial, se superposaient la musique black, le disco, le funk, la soul mais aussi les valeurs sûr des classiques français. Les années furent longues avant de signer avec une maison de disque. Des collaborations non abouties, aux fausses bonnes pistes, le chemin est chaotique. Soha voulait des ambiances bigarrées, des images, des goûts variés…et du voyage. La voix de Soha a elle-même de multiples facettes…Comme sa musique, subtil mélange de sonorités chaudes, qui évoquent tantôt le reggae, ou le jazz, le Cap Vert ou Cuba. De ce voyage initiatique tout en musique, est né l'album " D'ici ou d'ailleurs ". Sa chanson " Tourbillon " vous cueille ici, vous transporte ailleurs. En particulier du côté de Cuba, même si, avec ses petits airs rétro et ses accents d'accordéon, elle pourrait vous faire sentir aussi un peu argentin… ou capverdien ! Soha reconnaît s'être libérée avec l'allégresse des émotions engrangées au gré d'un parcours de combattante : " J'ai savouré le bonheur de baisser les armes. " Elle a 18 ans, en 1994, quand elle quitte sa cité au nord de Marseille, ses sept frères et sœurs, sa mère, voix de transmission des chants sahraouis, les potes avec lesquels elle a " kiffé " le rap avant de poser sa voix sur des riddims jamaïcains et de s'imposer dans le reggae dancehall.A Paris et en solo, Soha promène sa singularité dans les sound systems. Mais le philtre musical qui va faire de son rêve d'artiste une réalité gravée du CD, elle l'a trouvé dans les mélodieuses marmites du jazz féminin (Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald…) Pas de fusion pour autant. Soha, fine gueule, marie les rythmes, les notes et les langues sans appliquer de recette. " On m'a déjà taxée de " Ayo à la française " ! Je ne saisis pas que l'on puisse définir la musicalité d'un album et un artiste sur une coiffure et une couleur de peau… La musique s'écoute, elle ne se voit pas. " Ainsi est Soha. Au printemps dernier, c'est Soha que France 2 a choisi de soutenir, en diffusant sur son antenne des programmes courts relatant son premier album, " D'ici et d'ailleurs " à l'aide de trois de ses morceaux : le premier extrait, " Tourbillon (Serre-moi fort si tu m'aimes "), " C'est bien mieux comme ça ", et " Le café bleu ". Comme Anis il y a deux ans ? Probablement. Souvenez-vous, grâce à France 2, son album "La chance" avait réussi à rencontrer son public, grimpant jusqu'à la 14ème place du Top, presque un an après sa sortie. Soha qui a fait le plein de l'Olympia le 04 novembre dernier aura certainement son public dans sa contrée d'origine.