Après, La voisine, un long métrage signé en 2002 qui a raflé le Grand Prix du Festival du cinéma africain, le réalisateur Ghaouti Bendeddouche se met sur un autre chantier. L'Archipel des sables, est le titre de la prochaine œuvre que le cinéaste doit attaquer dans les prochains jours, dans le cadre, d'“'Alger, capitale de la culture arabe 2007”. Bien avant le lancement de ce nouveau film qui raconte une région et ses hommes, Européens et Algériens qui l'ont marquée, Bendeddouche devait retourner vers sa première boite, l'ENTV, pour la réalisation d'une série policière, sous le titre Les Aventures du commissaire El Kindi. Le cinéaste avait même fait des repérages au niveau de la wilaya de Jijel pour le premier épisode de cette série devant contenir 52mn chacune. A travers cette série, financée à 100% par l'Unique, Bendeddouche voulait créer un personnage policier typiquement algérien, à l'instar des héros des films policiers étrangers qui ont fortement marqué ce genre d'œuvres cinématographiques. Là, il est sur tout autre chose. L'Archipel des sables qui est une coproduction algéro-française, traite de la thématique du choc des civilisations. Avec son équipe, le réalisateur promènera son travelling à travers des paysages oasiens dans la région de Biskra, de l'oued de Laghouat. Il narrera une histoire d'hommes, de colons et de colonisés, d'artistes et de soldats pendant l'occupation française. Il y aura surtout le récit des artistes orientalistes qui ont marqué cette région. Des artistes voyageurs du XIXe siècle qui ont sillonné l'Algérie, à l'image du peintre Nasser Eddine Dinet, Eugène Fromentin et de l'écrivaine Isabelle Eberhardt. Selon le réalisateur, cette production mettra en avant le discours de l'universalité qui se résume dans les droits de l'homme et de la dignité humaine. Des scènes qui dépeignent des personnages faisant face, de par leur engagement pour la tolérance et la liberté, aux injustices. C'est en fait une partie très peu connue de notre histoire qui sera mise en avant dans cette production qui semble d'avance , épique, colorée, avec des vents de sable, des rencontres humaines et de l'inévitable guerre...Nous sommes en 1939. Des bruits de bottes retentissent en Europe. Jean Berthier, artiste- peintre, ancien de Saint-Cyr, retourné à la vie civile ne se satisfait pas de sa vie dans cet Occident dont il constate le déficit spirituel. La perte de son enfant et la rupture d'avec sa femme le jettent sur les routes, en quête d'Orient. L'Orient, pour sa génération, c'est le Sud-algérien: le Sahara. Muni d'une recommandation de son oncle, puissant politicien parisien, il débarque à Biskra. Il sait que deux de ses condisciples de Saint-Cyr sont en garnison dans le désert. Il a tôt fait de jauger le commandant de la place, le colonel Lassalle, mielleux, mondain et corrompu. Il se rend à Ouled Nacer, à la jonction du Tell et du Grand Erg occidental. Au cours d'une halte, il est dévalisé. Un homme hors du commun, Gacem, lui sauve la vie. C'est le responsable d'une confrérie soufie qui innerve tout le Sud saharien. Berthier rencontre Guillaumat, officier violent et carnassier qui commande la palmeraie de Ouled Nacer. Il refuse de vivre dans la garnison et s'installe dans le village “ indigène”. Là où l'attend Gacem. Dès lors, commence pour lui une lente initiation aux coutumes du Sud et à son socle spirituel: le soufisme. Mais Ouled Nacer est condamné. Les forces d'occupation veulent déplacer la population pour créer sur son territoire une base militaire et une réserve foncière. Le colonel Lassalle, lié à une puissante banque coloniale, intrigue pour faire racheter les terres par un complice et prête-nom, le bachagha Benslimane, et les revendre au prix fort à l'Etat français. Berthier retourne à Paris pour le vernissage de ses tableaux peints à Ouled Nacer. Il comprend que, désormais, sa vie est dans ce Sud saharien. Il rompt avec tout et tous. Les menaces se précisent sur Ouled Nacer. Les événements se précipitent: répression, attentats, représailles...Plus tard, vieilli et amer, Jean Berthier cherchera le sens de cette parabole. Aurait-il dû rejoindre le combat de Gacem? Déserter? Ou bien a-t-il atteint à Ouled Nacer les limites intangibles que ne peut franchir la solidarité humaine face à la violence et aux exactions de la guerre? Surtout si cette guerre est menée par les siens. Ceci est le synopsis de ce film qui semble aussi compliqué qu'attrayant. “Ce n'est pas le colonisé qui instruit à charge, mais le témoin européen qui raconte Arthur Rimbaud, Isabelle Eberhardt, Eugène Fromentin et Nasreddine Dinet. Un hymne à la tolérance et à l'ouverture de l'Islam sur le monde et la modernité” expliquent les auteurs de ce long métrage dont le scénario et les dialogues sont signés Mourad Bourboune.