La Russie, un des premiers producteurs de pétrole du monde, doit influer sur les prix de l'or noir, a déclaré lundi le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, dans des propos retransmis à la télévision. "La Russie, étant un des plus grands exportateurs et producteurs de pétrole et de produits pétroliers, ne peut pas rester à l'écart de la formation des prix de cette ressource naturelle et nous devons élaborer toute une série de mesures qui nous permettront d'agir activement sur la conjoncture du marché", a déclaré M. Poutine. Le Premier ministre, qui parlait au cours d'une réunion du gouvernement consacrée à la régulation de la production et des livraison de pétrole sur les marchés intérieur et extérieur, n'a pas donné plus de précisions sur ces mesures alors que les prix de l'or noir ont fortement baissé ces derniers mois. Mercredi, le vice-Premier ministre russe Igor Setchine avait indiqué que la Russie était prête à coopérer avec les autres pays producteurs de pétrole pour soutenir les cours du brut, mais qu'elle entendait rester maîtresse de sa production. "La Russie est actuellement le premier ou le deuxième pays producteur de pétrole et a le droit de déterminer sa propre position", avait-il déclaré, ajoutant, "nous allons bien sûr coopérer avec tous les acteurs du secteur pétro-gazier dans le monde". Le prix du baril de brut a plongé mardi en début d'échanges européens, à moins de 60 dollars à New York, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis mars 2007, alors que les craintes sur la demande étaient réactivées par une rechute des Bourses mondiales d'action. Les prix du pétrole renouent avec l'implaccable tendance baissière qui prévaut depuis l'été : ils ont plongé à 59,60 dollars le baril à New York et à 56,43 dollars à Londres, à l'unisson avec les Bourses d'action. Lundi, le pétrole avait limité ses gains pour finir en légère hausse, après le repli de Wall Street. A la clôture du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" gagnait 1,37 dollars à 62,41 dollars. Il avait temporairement franchi les 65 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord prenait 1,77 dollars, à 59,12 dollars le baril. Les cours du brut sont soutenus par l'annonce dimanche dernier d'un vaste plan de relance par les autorités chinoises. Ces dernières vont ainsi dépenser 455 milliards d'euros pour relancer leur économie, dont le taux de croissance est passé sous les 10% au troisième trimestre. La Chine est l'un des principaux consommateurs de produits pétroliers et sa forte demande avant les jeux Olympiques de Pékin avait été considérée l'une des explications de l'envolée des prix du baril au premier semestre. Début juillet, les cours étaient montés au niveau record de 147 dollars le baril. Pour tenter d'enrayer la chute vertigineuse des prix, qui ont perdu plus de 60% en l'espace de quatre mois, l'Opep a annoncé lors de sa dernière réunion, le 24 octobre à Vienne, une réduction de 1,5 million de barils par jour de sa production. La prochaine réunion de l'Opep est prévue le 17 décembre à Oran (Algérie) et ses pays membres n'excluent pas une nouvelle baisse de production après celle déjà décidée fin octobre, qui n'a pour le moment pas permis de raffermir significativement les cours du brut. Le cartel représentait l'an dernier 43% de la production mondiale de pétrole, et la Russie 12,6%. Moscou a déjà resserré ses liens avec l'Opep ces derniers mois, et un haut responsable du groupe russe privé Loukoïl a récemment suggéré qu'elle en devienne membre. M. Poutine a par ailleurs annoncé une proposition de révision tous les mois au lieu de tous les deux mois de la taxe à l'exportation de pétrole en raison de l'évolution rapide des cours. "La crise financière mondiale, l'instabilité sur les marchés internationaux des matières premières et la chute des prix du pétrole exigent l'adoption de mesures qui permettront d'assurer un développement durable du secteur dans les conditions actuelles", a-t-il déclaré. Le gouvernement russe a décidé au début du mois d'abaisser fortement la taxe sur les exportations de pétrole brut, à 287 dollars la tonne, à partir du 1er novembre afin d'aider les groupes pétroliers russes à faire face aux conséquences de la chute des cours du brut.