Les dirigeants des principales puissances économiques du monde se sont mis d'accord samedi sur les grandes lignes d'un plan de lutte contre les dérives du système financier international qui ont conduit à la plus grave crise depuis des décennies. Les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 s'en sont cependant largement tenus à Washington à des déclarations de principe. Ils s'en sont remis à leurs ministres des Finances pour mettre au point des mesures concrètes avant le 31 mars 2009, notamment en matière de régulation des marchés financiers. Un nouveau sommet du G20, qui regroupe le G8, les principaux pays émergents et une demi-douzaine d'autres Etats, est prévu entre le 31 mars et le 30 avril, vraisemblablement à Londres. "Il est logique de sortir de cette réunion avec un plan d'action ferme, ce qui est le cas. Il est aussi logique de dire (...) qu'il y a encore du travail à faire", a déclaré le président américain George Bush après la réunion. Son successeur, Barack Obama, qui ne prendra ses fonctions que le 20 janvier et n'a pas participé au sommet, a fait savoir qu'il soutenait les décisions du G20. George Bush a dit l'avoir "pleinement informé". Dans leur déclaration finale, les pays du G20 conviennent, face à la dégradation de l'économie mondiale, de la nécessité d'une "réponse politique plus large, fondée sur une coopération macroéconomique plus étroite, pour restaurer la croissance, éviter les retombées négatives et soutenir les économies des marchés émergents et des pays en développement." "Nous étions tous d'accord sur le fait que nous devions adopter une politique économique favorisant la croissance", a expliqué George Bush. Les pays du G20 en restent cependant là aussi à des principes généraux et laisse le soin aux différents gouvernements de mettre en place une politique adaptée à leur propre situation. Ils s'engagent ainsi à "reconnaître l'importance du soutien que la politique monétaire peut apporter dans les conditions appropriées à chaque pays" et à utiliser des mesures budgétaires pour stimuler leur demande intérieure. "C'est un message que nous envoyons aux marchés", a jugé le président français Nicolas Sarkozy, qui avait lancé l'idée de ce sommet pour engager une refonte du système financier mondial. Sur ce chapitre, le G20 s'engage à mettre en oeuvre des réformes pour renforcer la transparence du système financier et faire en sorte que "tous les marchés, produits et acteurs" de ce système "soient soumis à une régulation ou à une surveillance". Cette surveillance "stricte" s'étendra aux agences de notation, accusées d'avoir été un des facteurs de la crise. Les pays du G20 promettent également de renforcer l'échange d'informations sur les institutions qui ne se conforment pas aux normes internationales en matière de secret bancaire et la lutte contre les paradis fiscaux et centres off-shore. Ils s'engagent enfin à réformer les institutions financières internationales pour "qu'elles reflètent mieux l'évolution des poids économiques respectifs" des pays dans l'économie mondiale, en particulier des pays émergents, et soient plus efficaces. Ces grands principes sont déclinés dans un plan d'action annexée à la déclaration commune, qui distingue des actions immédiates à mettre en place d'ici le 31 mars 2009, souvent très techniques, et des actions à plus long terme. Les premières concernent par exemple l'harmonisation des normes comptables et de la définition des fonds propres des entreprises, la constitution de collèges de superviseurs pour renforcer la surveillance des entreprises transnationales ou la politique de rémunération afin de limiter les prises de risques."Concrètement, cela veut dire que les banques qui mettront en place des systèmes de rémunération qui encouragent la prise de risques inconsidérés seront dégradées dans les notations ou par les autorités chargées de les réguler", a expliqué Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse. Les actions à moyen terme concernent, par exemple, l'enregistrement des agences de notation ou la mise en place de mesures nationales et internationales "pour protéger le système financier international des juridictions non coopératives et non transparentes qui présentent un risque d'activité financière illégale", c'est-à-dire paradis fiscaux et centres off-shore. Enfin, le G20 juge "vital" de rejeter le protectionnisme. L'Inde et le Brésil ont estimé que le G20 pourrait désormais constituer le forum le plus adéquat pour traiter des grands dossiers économiques mondiaux. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a déclaré que des instances comme le G7 (pays les plus industrialisés) ne répondaient plus aux réalités économiques mondiales. "Le Brésil est parvenu à son objectif de solidifier le rôle du G20 comme lieu privilégié de décision sur le plan économique international", a pour sa part dit le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega.