Un attentat à la bombe a fait au moins sept morts et 33 blessés vendredi matin sur un marché de Baghdad, apprend-on de source policière irakienne. C'est le deuxième attentat en deux mois commis sur le marché de Ghazil dans le centre de Baghdad. Les habitants ont l'habitude de se rendre sur ce marché le vendredi. Le vendredi 1er décembre, trois personnes avaient péri dans le premier attentat. D'autres bombes ont explosé sur des marchés irakiens cette semaine. Aux Etats-Unis, les démocrates sont bien décidés à user de leur nouvelle majorité au Sénat pour infléchir la politique irakienne de George W. Bush. Une résolution désavouant publiquement les choix du président américain, déjà adoptée en commission, doit être soumise à l'ensemble des sénateurs le 5 février prochain, et certains républicains pourraient voter contre le chef de la Maison Blanche. La résolution proposée par les démocrates vise à adresser un désaveu public au président Bush pour sa politique irakienne, en déclarant que sa décision d'envoyer 21.500 soldats américains supplémentaires dans ce pays était "contraire à l'intérêt national". L'adoption formelle de ce texte par le Sénat en séance plénière aurait une signification symbolique de grande portée et enverrait un message fort au pays, mais elle n'aurait pas d'effet contraignant sur les décisions présidentielles. Mercredi, la commission des affaires étrangères du Sénat, contrôlée par les démocrates depuis les élections de mi-mandat en novembre dernier, a adopté cette résolution par 12 voix pour et neuf contre. En commission, un seul sénateur républicain, Chuck Hagel, a voté en faveur du texte. "Il n'y a pas de stratégie. Il y a une partie de ping-pong avec des vies américaines", a regretté M. Hagel. La sénatrice démocrate Barbara Boxer a été encore plus claire. "Relisez la Constitution. Le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre. Et, à de nombreuses occasions, nous avons utilisé notre pouvoir pour mettre fin à des conflits", a-t-elle rappelé. D'ici le vote en séance plénière, les démocrates comptent bien rallier d'autres voix républicaines. Pour tenter d'amadouer certains républicains, le sénateur démocrate Joseph Biden, nouveau président de la commission des affaires étrangères du Sénat, les a d'ailleurs assurés que cette initiative "ne vise pas à embarrasser le président", mais à lui éviter de "faire une erreur importante". Même en cas d'adoption par le Sénat, le président Bush peut parfaitement ne pas en tenir compte et maintenir sa décision d'envoyer des renforts américains en Irak. C'est apparemment la voie que s'apprête à suivre la Maison Blanche, au risque d'un bras de fer avec les démocrates, si l'on en croit les déclarations du vice-président. "Le président a pris sa décision", a souligné Dick Cheney, interrogé par la chaîne CNN. "Il faut que le travail soit fait." Dans son discours sur l'état de l'Union, prononcé mardi devant le Congrès démocrate, le président Bush a exhorté la nouvelle majorité à "donner une chance de réussir" à sa "nouvelle stratégie en Irak". La réponse des démocrates ne s'est pas fait attendre puisque, moins de 24 heures plus tard, ils engageaient une procédure de désaveu public à son encontre. Et, après avoir manié la carotte, le sénateur Biden a également laissé entrevoir le bâton, en évoquant la possibilité de nouvelles initiatives, cette fois plus coercitives. "Si le président ne montre pas très rapidement qu'il est prêt à s'éloigner de la route actuelle, je présenterai des textes législatifs contraignants et légitimes d'un point de vue constitutionnel", a prévenu le patron démocrate de la commission des affaires étrangères.