Dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique d'accueil des étrangers de plus en plus renforcée, l'Union européenne organise, aujourd'hui à Paris la deuxième conférence ministérielle euro-africaine sur la migration, avec pour but d'associer les pays d'origine à la lutte contre l'immigration clandestine. " Pacte pour l'immigration et l'asile " Nouvelle étape du processus engagé lors d'une première conférence à Rabat en juillet 2006, le rendez-vous de Paris intervient un mois après l'adoption par l'Union européenne d'un " pacte pour l'immigration et l'asile " inspiré par la France et appelé à réguler les flux migratoires en fonction des besoins de main-d'œuvre des Etats de l'Union européenne. La conférence de Rabat s'était assignée pour but d'établir un " partenariat étroit " entre pays d'origine et pays de destination qui combine aide au développement et lutte contre l'immigration irrégulière par le renforcement des contrôles aux frontières et les accords de réadmission des clandestins/ 80 délégations Elle faisait suite à la dramatique crise migratoire dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla (nord du Maroc), prises d'assaut à l'automne 2005 par des milliers de candidats africains à l'émigration. Des incidents frontaliers meurtriers s'en étaient suivis, et ont provoqué la dispersion dans le désert de milliers d'Africains puis leur expulsion. A Paris, quelque 80 délégations sont attendues pour aujourd'hui, dont les 27 Etats membres de l'Union européenne et 27 pays africains : les 15 pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), les 6 pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire en Afrique centrale), quatre pays de l'Union du Maghreb (UMA ; Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie, mais sans l'Algérie), l'Egypte et la République du Congo. 8 millions de sans-papiers en Europe La conférence devrait approuver un programme de coopération pour les trois prochaines années (2009/2011) qui portera sur l'organisation de la migration légale, la lutte contre l'immigration irrégulière ainsi que le " renforcement des synergies entre migration et développement ". La France, qui assure jusqu'à la fin de l'année la présidence de l'UE, devrait faire la promotion des accords sur la gestion des flux migratoires signés avec le Congo, le Gabon et le Sénégal. La conférence a été préparée par trois réunions d'experts : à Rabat en mars 2008 (migration légale), à Ouagadougou en mai (migration irrégulière) et à Dakar en juillet (synergie migration-développement). Près de 8 millions d'étrangers vivent " sans papiers " dans l'Union européenne. " Des ponts,pas des murs " En amont de cette rencontre officielle, quelque 300 ONG du collectif 'des ponts, pas des murs ", qui avait organisé les 17 et 18 octobre à Paris un sommet " citoyen " sur les migrations ont dénoncé " le caractère des mesures essentiellement sécuritaire et utilitariste des politiques migratoires " de l'Union européenne. Le Pacte entériné par l'Union européenne le 16 octobre dernier et décrié par les défenseurs des Droits de l'homme pour ses aspects répressifs et son ambition de mettre en place une immigration " choisie " permettant d'attirer des étrangers les plus qualifiés, tout en repoussant les autres.