Le pétrole n'est ni une bénédiction ni une malédiction, c'est plutôt ce que l'on en fait, a résumé, hier, M. Luis Martinez. "Politiste" et spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient, ses dernières recherches ont porté sur la rente pétrolière et la démocratie. D'où le thème de la conférence "Pétrole démocratie et développement", qu'il a animé au Forum du quotidien Echaab. Pour M. Martinez, la problématique des Etats rentiers et de leurs relations avec la démocratie et le développement est ancienne en tant que réflexion, dans la mesure où dans ces Etats les ressources jouent un grand rôle dans les systèmes politiques. Le pétrole est avant tout une arme politique et idéologique. Il sert, selon M. Martinez, de projet idéologique au lieu de programme économique. L'invité d'Echaab a identifié deux catégories d'Etats rentiers : Les Etats où la rente pétrolière est post-démocratie et ceux qui ont connu la rente avant la démocratie. Quand la rente est précédée par la démocratie, M. Martinez explique que le pétrole est un outil économique. Ces Etats n'ont pas besoin de pétrole pour développer une idéologie. Dans le cas contraire, il indique que le pétrole bloque la démocratie. Les institutions n'étant pas assez fortes pour gérer la rente pétrolière, l'Etat va la monnayer dans un système clientéliste. Cette situation va brider la relation entre l'Etat et la société. Dans ces Etats, M. Martinez a souligné que le pétrole a produit un effet de richesse mais pas le développement. La démocratie est ainsi mise à mal parce que la rente a transformé la relation Etat-citoyen en relation patron-client. Les attentes des citoyens provoquent de la contestation et de la violence. Tout cela fait dire à M. Martinez qu'un système rentier, quand il n'est pas précédé de démocratie, prend le risque d'être contaminé. Pour éviter ce genre de situation, le conférencier plaide pour l'utilisation de la rente comme instrument économique. En somme "désidéologiser" la rente, et le maintien d'un système démocratique même imparfait, comme c'est le cas au Mexique et le Venezuela, deux pays, qui selon M. Martinez, constituent un exemple à méditer. Pour ce qui de l'Algérie, M. Martinez a affirmé le caractère rentier de l'Etat. Il a souligné l'usage, durant les années 70, idéologique du pétrole. Un usage qui ne pouvait, selon lui, être rationnel. Cependant, il a indiqué que le bon côté dans le cas de l'Algérie c'est qu'elle a pris le temps d'utiliser sa rente, notamment dans le remboursement de sa dette. Il ajoutera que le pire qui puisse arriver à l'Algérie c'est d'avoir une gestion autocratique de sa rente. L'idéal est que la rente serve à des projets économiques et pas idéologiques.