L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu, hier au Caire, ses quotas de production inchangés à 27,3 millions de barils par jour, a annoncé le président de l'Organisation, M. Chakib Khelil, à l'issue de la réunion. La réunion extraordinaire des 12 pays membres de l'Opep, hier, s'est tenue dans la foulée d'une réunion de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep) et a été convoquée pour faire face à l'effondrement des prix de l'or noir. Depuis leur record du 11 juillet à 147,50 dollars le baril, ils se sont effondrés, tombant sous 50 dollars la semaine dernière, au plus bas depuis quatre ans. Pour rappel, le 24 octobre, l'Organisation avait décidé de couper son offre de 1,5 million de barils par jour (mbj) à partir du 1er novembre, ramenant le seuil de production des 11 pays soumis au système des quotas, dont l'Irak est exclu, à 27,3 mbj. Mais pour beaucoup d'observateurs, il est encore "tôt" pour évaluer l'impact et le respect de cette dernière décision, moins d'un mois après sa mise en œuvre. Ce qui fait que bien avant le début de la réunion d'hier , le ton avait été donné par le secrétaire général de l'Organisation, M. Abdallah El-Badri, qui a déclaré que l'Opep décidera le mois prochain de baisser sa production, lors de sa réunion prévue en Algérie. L'Opep "prendra une décision à Oran", lors de la réunion du 17 décembre, a-t-il dit interrogé sur une baisse de l'offre, peu avant le début de la rencontre dans la capitale égyptienne. D'après les déclarations unanimes des ministres, d'avant-réunion, l'Opep devait se contenter d'examiner les données du marché pétrolier et surtout le respect et l'impact des baisses de production antérieures. C'est ainsi que le ministre saoudien du Pétrole, M. Ali Al-Nouaïmi, laissant peu de place aux doutes sur l'issue de la réunion, a déclaré que c'était une réunion "préparatoire" avant "une décision plus résolue et ferme" en Algérie. Son homologue koweïtien, M. Mohammad Al-Olaïm, a tenu des propos du même ordre. "Il y aura une décision sur l'offre mais il est plus probable qu'elle ait lieu en Algérie", lors de la réunion du 17 décembre. Ces déclarations sont venues confirmer celles de M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, par ailleurs président de l'Opep, qui a notamment déclaré à plusieurs reprises qu'une décision "importante" ne pourrait pas intervenir au Caire, mais à Oran en décembre. "Les données réelles sur le marché ne seront pas encore perceptibles" le 29 novembre, avait-il expliqué, affirmant qu'il faudra "attendre de voir l'impact des décisions déjà prises". Face à l'effondrement des cours de l'or noir, divisés par trois depuis leur record de la mi-août et tombés sous le seuil symbolique de 50 dollars la semaine dernière, une baisse de production de l'Opep semble acquise, mais devrait donc être entérinée lors de la réunion du 17 décembre. Dans une interview au quotidien koweïtien Al-Sieyassah, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a fourni un élément important au marché sur le niveau de prix que le royaume juge nécessaire lorsqu'il a estimé que 75 dollars le baril serait un prix "équitable". Pour le Qatar, autre pays du Golfe, un plancher à 70 dollars est nécessaire. A ce prix, "nous pouvons investir dans des projets d'exploration et de production", a déclaré M. Abdallah Al-Attiyah en se rendant à la réunion de l'Opaep,ministre qatari du Pétrole. "En dessous, ce sera très difficile. Des projets pourraient être ajournés et il y aura peut-être une pénurie de production quand la demande repartira" après la crise financière, a-t-il ajouté. Ce niveau "plancher" attendu par les pays du Golfe est nettement supérieur aux quelque 50 dollars où s'échange actuellement le pétrole.