Il n'y a eu ni suspense ni coup de théâtre. La décision finale sera prise le 17 décembre à Oran. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu hier ses quotas de production inchangés à 27,3 millions de barils par jour, a indiqué le ministre de l'Energie et des Mines à l'issue d'une réunion «consultative» de l'Opep au Caire. «Les membres de l'Opep adhèrent à la décision prise le 24 octobre de baisser leur quota global de production de 1,5 million de barils par jour à partir du 1er novembre», a déclaré Chakib Khelil, président de l'Opep jusqu'à la fin de l'année. Les 12 pays de l'Opep «se sont mis d'accord pour continuer à scruter de près les évolutions du marché pendant les deux semaines menant à la conférence du 17 décembre à Oran», a-t-il ajouté. «Les ministres sont d'accord pour prendre toute action supplémentaire pour stabiliser le marché le 17 décembre», a-t-il conclu lors de sa brève allocution, signifiant que l'Opep repoussait comme prévu toute modification éventuelle de sa production à la réunion d'Oran. Auparavant, le ministre saoudien du Pétrole avait mis fin aux spéculations en qualifiant la réunion d'hier de simple rencontre «préparatoire». Ali Al Nouaïmi venait ainsi d'emboîter le pas au président en exercice de l'Opep qui avait déjà annoncé la couleur lors de la conférence de presse qu'il avait tenue à Alger dans le cadre du Forum d'El Moudjahid, il y a quelques jours. Ce jour-là, Chakib Khelil avait dévoilé la tenue de la réunion du Caire le 29 novembre et avait précisé qu'elle revêtirait un caractère purement «consultatif». Il est ainsi acquis qu'aucune réduction de la production ne verra le jour à la réunion d'Oran. Et elle sera sans doute aussi importante que celle prise le 24 octobre à Vienne. L'Opep avait décidé ce jour-là de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour. Cette décision fut sans effet puisque la dégringolade des prix de l'or noir n'a pu être stoppée. C'est dans cette conjoncture extrêmement défavorable aux économies des pays de l'Opep, à l'instar de l'Algérie dont les recettes en devises reposent à 98% sur les exportations en hydrocarbures, que fut convoquée hier la rencontre du Caire. Elle a lieu dans la foulée de celle de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole, l'Opaep. L'heure semble grave même si les pays membres de l'organisation internationale du pétrole font stoïquement front à la brutale chute des prix du pétrole qui flirte allègrement avec la barre symbolique des 50 dollars. Les 12 membres de l'organisation pétrolière ont décidé de ne pas toucher à leur production. Ils ont procédé à l'évaluation du marché et au rappel aux Etats à respecter les quotas de baisse de production qui devaient être mis à exécution au mois d'octobre. «La baisse de 1,5 million de barils par jour doit être effective si l'on veut que le marché nous prenne au sérieux», avait déclaré au courant de ce mois Chakib Khelil. Les pays membres de l'Opep doivent donc accorder leurs violons et faire preuve de discipline avant le 17 décembre. Mohammed El Olaïm, le ministre koweïtien du Pétrole, a déjà fait un premier constat: «Nous pensons que le marché n'est pas équilibré et que l'offre disponible est trop abondante.» Deux raisons suffisantes pour que l'organisation que préside Chakib Khelil décide d'une réduction significative le 17 décembre à Oran pour ramener le baril de pétrole à un prix raisonnable. «Nous pensons que le prix équitable du pétrole est de 75 dollars le baril», a estimé hier le roi Abdallah d'Arabie Saoudite. A ce prix, Chakib Khelil serait sans aucun doute preneur. Rendez-vous est pris dans la capitale de l'Ouest le 17 décembre.