La crise s'installe et l'année 2009 s'annonce des plus moroses. Dans la sphère financière, une seule interrogation persiste : quelle solution ? Si pour certains c'est les fonds souverains, d'autres se plaisent à croire que seule la finance islamique peut introduire un semblant d'éthique dans le système financier. C'est l'ensemble des pays du monde qui sont désormais en récession, une situation exceptionnellement préoccupante, explique Nicolas Véron du Centre de réflexion européen Bruegel de Bruxelles. Au Japon par exemple, la compagnie Sony a licencié 8 000 personnes. Aux Etats-Unis, les représentants du Congrès et de la Maison-Blanche poursuivent les tractations sur le plan de sauvetage de l'industrie automobile, avec à l'esprit des millions de personnes que fait vivre ce secteur. Les contre-performances des fonds souverains L'Europe, la France en particulier, doit s'interroger sur ce qu'elle fait… ou ne fait pas. Et c'est de là justement qu'est partie l'idée de créer un fonds souverain avec pour mission de faire face à la crise. Quand on cherche qui peut soutenir une grande banque internationale ou un Hedge Fund en difficulté, on les retrouve toujours. Mais la crise pèse et les fonds souverains n'y échappent pas. La baisse du prix des matières premières, à commencer par le pétrole, et les moindres flux de capitaux dans les pays émergents pèsent sur la richesse des fonds souverains, les conduisant à réduire leurs investissements dans les actifs, actions et obligations notamment. L'économiste Rachel Ziemba estime que l'argent collecté par ces fonds devrait atteindre un pic cette année, mais que 2008 sera aussi une année où de lourdes pertes seront constatées. Malgré le boom du baril de pétrole, de nombreux fonds ont subi le contrecoup de la crise financière qui a touché toutes les classes d'actifs. Certains fonds souverains pourraient subir des pertes de portefeuille de l'ordre de 20% à 30%, un chiffre difficile à évaluer en raison du manque de transparence de la plupart des investisseurs. L'une des baisses les plus spectaculaires ces derniers temps a affecté le fonds norvégien, le seul à dévoiler ses investissements. A fin septembre, son encours était de 359 milliards de dollars. Un mois plus tard, il chutait encore à 311 milliards de dollars. La raison, ce fonds aurait fortement accru son exposition aux marchés d'actions, dont 55%-60% s'investiraient sur les marchés européens, selon Rachel Ziemba. Cette contre-performance explique aussi pourquoi, avec l'amplification de la crise depuis septembre 2008, on n'entendait plus trop parler de fonds souverains pour secourir des institutions financières en difficulté. Certains, comme les fonds de Singapour, de Chine ou de pays du Golfe, se sont brûlés les doigts en participant trop tôt aux recapitalisations de grandes banques, comme UBS, Merrill Lynch ou Citigroup, et ont vu la valeur de leur investissement fondre comme neige au soleil. Les banques islamiques résistent mal Dans cette conjoncture, certains estiment que l'économie islamique est la solution idoine à la crise financière mondiale. Il est vrai que le financement hallal séduit de plus en plus. La finance dite islamique s'érige comme l'une des réponses à la crise qui secoue actuellement les marchés financiers.Banissant l'usure et la spéculation, celle-ci s'impose comme seul moyen d'introduire plus d'éthique dans les transactions financières. Et cela semble avoir beaucoup d'échos même en Europe. Les chiffres rapportés sur les actifs gérés par la finance islamique dans le monde divergent allant de 256 millions de dollars, d'après un rapport du Sénat français réalisé en octobre 2007, jusqu'à 500 et 700 milliards de dollars, selon l'agence de notation Moody's. On estime son taux de pénétration à 11,9% à travers le monde. Son taux de croissance annuel varie entre 10 et 30% en fonction des classes d'actifs. Mais, car il y a un mais, on a beau vanter les vertus de la finance islamique du fait de sa capacité à transgresser la crise financière et à échapper à ses retombées, un récent rapport de l'agence de notation Moody's, rapporté par Reuters, semble infirmer cette thèse puisqu'elle montre que malgré la forte résistance des banques islamiques face à la crise, elles ne sont toutefois pas à l'abri du risque en raison d'une pénurie d'instruments de liquidité et l'absence d'un marché interbancaire islamique.Toujours selon Moody's, les actifs bancaires islamiques seront amenés à baisser fortement en 2009, soit 10-15% contre 20-30% en 2008. Ceci serait dû à une éventuelle crise dans les actions de valorisation et à une chute de l'immobilier du Golfe. Ajoutons à cela une chute de 60% dans l'émission des sukuks depuis 2007. L'agence souligne que les bilans des banques islamiques montrent toujours une inadéquation entre l'actif et le passif bien qu'elles évitent les investissements spéculatifs et les instruments financiers complexes utilisés par les banques classiques.