Comment accélérer l'intégration monétaire maghrébine pour lui permettre de jouer pleinement son rôle dans l'édification de cet espace et contribuer à sa prospérité ? Les gouverneurs des Banques centrales des 5 pays du Maghreb en ont fait le centre de leurs débats, le 29 novembre 2008 dernier à Tunis, à la faveur de la célébration du 50e anniversaire de la BCT. Les présentations de la Banque de France et de Deutschen Bundesbank, à l'occasion, ont souligné les vertus de l'intégration monétaire dans l'indépendance qui a montré son efficacité lors de la récente crise, l'exemple des pays du Golfe, culturellement plus près du Maghreb est non moins édifiante. Dès 1981, précisera Jassem Al Mannai, les premiers accords ont été signés pour donner naissance, en 1983, à une première zone de libre-échange, avant d'instituer l'union douanière en 2003 (avec 5% de taxe uniforme) et le marché commun en 2007. L'objectif étant d'aboutir le 1er janvier 2011 à l'union monétaire, à travers une Banque centrale commune des pays du Golfe. Nombre de règles ont été édictées, telles que la maîtrise de l'inflation (moyenne +2%, des taux directeurs (m+ 3 à 4), les réserves (4 mois d'importations, en considérant les importations réexportées), le déficit budgétaire 93% du PNB), et la dette publique (60 à 70%). Cela ne se fait pas à grands sacrifices, comme en Europe, mais non sans certaines spécificités telles que la décision du Koweït de ne pas rattacher son dinar au dollar uniquement, mais à un panier de monnaies, ou celle du Sultanat d'Oman, de surseoir, dans son cas à l'échéance de 2011. La conclusion est nette : la démarche commune a le mérite de renforcer la capacité des pays du Conseil du Golfe à mieux faire face aux tourmentes. Le banquier libyen, pionnier à Bahreïn, Brahim Saoudi, apporte un éclairage utile sur les dégâts de la crise financière dans la région arabe et plus particulièrement les pays du Golfe. Tout en se félicitant du fait que la Bourse de Tunis soit la seule à demeurer stable, voire même positive, il a rappelé que toutes les autres Bourses arabes ont été durement affectées, à des taux allant de 31% (le Koweït), jusqu'à 59% pour l'Arabie Saoudite et 68,7% pour Dubaï. La région, estime-t-il, passe d'une économie d'expansion à une économie de survie, exigeant l'abandon des projets de prestige, dont le rendement ne commencera qu'à partir de longues années.