Les responsables maghrébins semblent enfin décidés à mener à bien le chantier de l'intégration, du moins économique, bien que le chemin demeure encore long. La seconde réunion des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des cinq pays maghrébins, qui s'est tenue à Rabat, Maroc, sous l'égide du Fonds monétaire international, après celle d'Alger, a posé les jalons de cette intégration. Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales maghrébines ont approuvé le rapport relatif à la facilitation des échanges entre les cinq pays du Maghreb, présenté par le ministre délégué chargé de la Réforme financière Karim Djoudi. Un plan d'action sera mis en œuvre prévoyant, entre autres, la réactivation du comité douanier intermaghrébin, la mise en place d'un portail sur le commerce extérieur et d'un guichet unique en charge du traitement des documents relatifs au commerce extérieur, la constitution d'un groupe de travail sur la reconnaissance mutuelle des normes et organes de contrôle et enfin la création d'un observatoire du commerce animé par le secteur privé. La réunion de Rabat s'est focalisée sur l'intégration financière. Sur ce volet aussi, un plan de travail a été adopté par les ministres des Finances des cinq pays maghrébins. En plus de la poursuite par les cinq pays des réformes “nécessaires pour moderniser les secteurs financiers nationaux en veillant à renforcer la solidité des systèmes bancaires, promouvoir et approfondir la concurrence et les marchés financiers, renforcer le contrôle de ce secteur et mettre à niveau ses infrastructures”, ce plan prévoit le renforcement de la concertation en matière financière, et aussi le dialogue sur la stabilité macro-économique et financière. Le développement des marchés monétaires et de change et l'appui des processus d'harmonisation des infrastructures des marchés financiers nationaux sont également inscrits dans l'agenda. Un comité d'experts chargé de la préparation d'un rapport d'étape qui doit proposer les premières mesures concrètes à adopter a été mis en place. Ce rapport sera examiné en avril 2007 en marge de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Rodrigo Rato, directeur général du Fonds monétaire international, qui a présidé la conférence de Rabat, a insisté sur les “grands bénéfices” que tireront les cinq pays du Maghreb s'ils avancent de manière résolue vers une intégration financière régionale, faisant remarquer que les échanges régionaux ne représentent que 2,5% de total des échanges des cinq pays maghrébins. “L'accélération de la réforme du secteur financier et l'approfondissement de l'intégration financière ont un rôle-clé à jouer pour accroître le potentiel économique de la région”, souligne M. Rodrigo Rato. Pour autant, le directeur général du FMI a appelé les pays du Maghreb à réduire “le niveau des créances improductives qui sont élevées et qui sont très coûteuses pour leur économie”. Il a plaidé en faveur de la concurrence dans le secteur bancaire et pour la levée des obstacles qui entravent cette concurrence. “Il est essentiel que les banques publiques et privées d'une part, et les banques nationales et étrangères d'autre part, puissent jouer à armes égales”, explique-t-il. M. Rodrigo Rato souligne la nécessité d'approfondir les marchés financiers, “pour soutenir l'intermédiation financière et améliorer la gestion des risques”. Le directeur général du FMI a souhaité un assouplissement des marchés des changes, un développement des marchés des obligations et des actions s'accompagnant d'une “transparence et d'une supervision accrues” des transactions. M. Rodrigo Rato note qu'en Algérie, le renforcement de la gouvernance des banques publiques non concernées par la privatisation “est un élément central de la restructuration financière”. De nouveaux contrats de performance définissant des objectifs clairs en termes de rentabilité et de gestions ont été signés entre l'Etat et les dirigeants des banques. La troisième conférence maghrébine sur l'intégration économique se tiendra l'année prochaine en Tunisie et traitera du rôle du secteur privé dans le développement économique et l'intégration régionale. La réunion de Tunis procédera à une évaluation des progrès accomplis depuis la conférence de Rabat, la 2e du genre après celle sur la facilitation des échanges commerciaux, tenue en novembre 2005 à Alger. Meziane rabhi