La 151e conférence extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), prévue mercredi à Oran, sera précédée mardi par la 67e réunion du comité de suivi de l'Opep. La réunion de ce comité s'attellera notamment à examiner la situation du marché pétrolier international à la lumière des derniers développements, a-t-on précisé de même source. Créé en 1993, le comité de suivi a pour mission principale de contrôler la production pétrolière et les exportations des pays membres de l'organisation. Par ailleurs, la 151e conférence extraordinaire de l'Opep regroupera les 13 pays membres de l'Organisation et sera marquée par la présence d'autres pays producteurs de pétrole, non membres de l'Opep. Hier le ministre de l'Energie et des Mines, et président en exercice de l'Opep, M. Chakib Khelil, a annoncé que la Russie, l'Azerbaïdjan, la Syrie et Oman, des pays non membres de l'Opep, prendront part à la réunion du cartel le 17 décembre. La Russie sera représentée à cette réunion par son vice-Premier ministre chargé de l'Energie Igor Setchine et le ministre de l'Energie Sergei Chmatko, a précisé M. Khelil à la presse en marge de l'ouverture des plis du premier appel d'offres relatif à l'octroi de périmètres d'exploration d'hydrocarbures. M. Khelil a, par ailleurs, indiqué qu'un consensus s'est dégagé entre les différents membres de l'Opep "pour une forte baisse de la production", mais sans préciser son volume. M. Khelil avait estimé jeudi que l'Opep devrait opter pour une "coupe plus sévère de sa production" le 17 décembre à Oran si elle veut stabiliser les prix sur le marché. "La réunion d'Oran doit décider d'une coupe plus sévère (dans sa production) pour établir l'équilibre entre l'offre et la demande", a-t-il souligné. L'Opep ne cesse d'appeler les pays exportateurs de pétrole n'appartenant pas à son organisation, en particulier la Russie, le Mexique et la Norvège, à contribuer à son effort de réduction de l'offre mondiale, mais la probabilité d'une coopération concrète reste mince. L'économie des pays producteurs de tous bords souffre de l'effondrement des cours du baril, qui ont chuté de 100 dollars depuis leur sommet de mi-juillet, à 147,50 dollars. L'Opep, qui pompe près de 40% de l'offre mondiale, se réunit le 17 décembre à Oran, en Algérie, et devrait y annoncer une baisse substantielle de la production, la troisième depuis septembre, pour tenter d'enrayer cette chute. Elle a y a convié les pays hors Opep, les enjoignant à contribuer à la réduction de l'offre mondiale et même à entrer dans ses rangs. "La tâche est un peu lourde cette fois (pour la seule Opep, ndlr)", a fait valoir le secrétaire général de l'Opep, Abdallah el-Badri, début décembre. Le cartel craint notamment de perdre des parts de marché par rapport aux pays hors Opep si elle est seule à pomper moins. Signe de la gravité de la situation, Moscou, d'ordinaire jalouse de son indépendance énergétique et peu encline à réduire volontairement sa production, n'exclut plus d'intégrer l'organisation. Elle devrait envoyer à Oran son vice-premier ministre, Igor Setchine, et son ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko, chargés de faire des propositions de collaboration à l'Opep. Celle-ci pourraient "combiner une réduction des volumes de production de pétrole, une participation aux organisations existantes de fournisseurs, ainsi qu'une participation à de nouvelles organisations", a énoncé jeudi le président russe Dmitri Medvedev. Mais les analystes restent sceptiques. Bill Farren-Price, analyste chez Medley Global Advisors, dit "ne rien attendre des producteurs hors Opep", qui ont pour habitude de produire au maximum de leur capacité. "Il est très peu probable" que la Russie réduise sa production, qui baisse déjà naturellement en raison de l'insuffisance d'investissements, et alors que Moscou "a besoin de toutes les recettes pétrolières possibles" au moment où son économie pâtit de la baisse des cours du baril, ajoute-t-il. D'autant qu'une baisse de production passerait par des sociétés pétrolières russes liées par contrats à des compagnies internationales, qui s'opposeraient probablement à toute baisse de production imposée et contraire à leurs intérêts. Le vice-président du géant gazier russe Gazprom, Alexander Medvedev, a lui-même estimé, vendredi, que le mécanisme d'ajustement de la production de l'Opep n'était "pas directement applicable" à son pays. La Russie pourrait envisager éventuellement une "régulation pour stabiliser la production" qui ne serait pas fondée sur "les mécanismes de l'Opep" mais sur "les spécificités de notre production". Selon M. Farren-Price, Moscou pourrait se contenter d'une "coopération technique", notamment sur des projets d'investissements. Il rappelle qu'en 1998 et 1999, quand les prix du brut avaient plongé jusqu'à 10 dollars le baril, la Russie avait promis de pomper moins sans tenir ses engagements. David Kirsch, du cabinet PFC Energy, juge néanmoins que si Moscou affirmait à Oran qu'"augmenter les investissements pétroliers n'est plus une priorité", cela "aiderait" l'Opep à faire rebondir les cours. Par ailleurs, le Mexique, dont la production s'atrophie elle aussi, est moins pressé de voir les cours remonter car "il s'est assuré 80 à 90 dollars par baril l'an prochain grâce à des contrats de couverture", poursuit-il. Quant à la Norvège, pays occidental, son économie dépend moins du pétrole que celle de la Russie ou du Mexique et elle se trouve donc "moins sous pression" pour collaborer avec l'Opep, conclut-il. Pour rappel, les analystes de la banque américaine Goldman Sachs ont revu à la baisse leurs prévisions de prix moyen du baril de pétrole pour 2009, à 45 dollars, en raison de "l'effondrement" de la demande mondiale, qu'ils ne voient pas repartir à la hausse avant 2010. Synthèse D.T.