Devant effectuer une visite officielle de deux jours, à l'invitation du M. Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le ministre français de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, Nicolas Sarkozy, est arrivé hier après midi à Alger. Ce dernier a tenu à donner le ton dès qu'il a foulé le tarmac de l'aéroport Houari Boumediene en déclarant qu'il est "venu en ami. C'est un voyage auquel j'attache beaucoup d'importance". Il faut dire que le ministre français doit aborder avec les responsables algériens des questions de grande importance liées notamment à la lutte contre le terrorisme, à la criminalité et à l'immigration clandestine. Néanmoins, et à moins de cinq mois de l'élection présidentielle en France, Sarkozy en candidat potentiel de l'UMP, tentera de réchauffer les relations franco-algériennes, devenues très tendues suite à l'adoption le 23 février 2005 par l'Assemblée française de la loi soulignant le "rôle positif" de la colonisation. Un texte qui a mis en veilleuse le traité d'amitié entre l'Algérie et la France qui devait être signé à la fin de 2005. Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, ne cesse depuis son accession à la haute magistrature du pays, de réclamer des excuses de la France officielle pour les crimes commis durant la colonisation française de 1830 à 1962. Une exigence réitérée samedi soir par le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, sur les plateaux de la Télévision nationale. La question des visas, également occupera une place importante dans les discussions entre les deux délégations. Depuis 1995, les Etats européens de l'espace Schengen sont consultés chaque fois qu'un Algérien introduit une demande de visa, l'Algérie est le seul pays du Maghreb concerné par cette mesure jugée discriminatoire. L'entourage de Sarkozy a déclaré, à la veille de cette visite, qu'il va annoncer un certain nombre d'initiatives dont notamment, l'attribution du visa. Même si l'on se refuse à le dire clairement, il pourrait s'agir de l'abrogation pure et simple de cette consultation préalable, au demeurant facteur d'allongement des délais de traitement des demandes de visa pour les demandeurs indiquent bon nombre d'observateurs. Ces derniers ajoutent qu'une telle annonce pourrait placer son entretien aujourd'hui avec le président Abdelaziz Bouteflika sous des auspices favorables, peut-être un réchauffement franco-algérien en tenant compte bien sûr de l'exigence algérienne de repentance de la France pour les crimes commis durant la colonisation. Interrogé dès son arrivée sur cette question, M. Sarkozy a déclaré : "si je dis tout, tout de suite, il ne restera plus rien". "J'ai le souhait d'entretenir l'intérêt de ce voyage", a-t-il poursuivi. Il serait utile de rappeler dans ce contexte que le ministre français a déclaré au magazine Jeune Afrique qu'il "travaillait à sa suppression". Il aussi indiqué au même magazine que "le rapprochement, la réconciliation appellent un effort réciproque dans le respect de l'histoire telle qu'elle a été". Il souligna également que la question du traité d'amitié entre les deux pays, est aussi une question de mémoire et de réconciliation. "La réconciliation que nous recherchons, appelle un effort réciproque pour les souvenirs". En attendant, et parce que la relation franco-algérienne est "stratégique essentielle et complexe", commente-t-on Place Beauvau, cette visite de Sarkozy politiquement forte a été "préparée avec l'Elysée". Et c'est dans le même sillage qu'abonderont les déclarations de M. Sarkozy à la presse à son arrivée à Alger. C'est ainsi qu'il déclarera que “les relations entre l'Algérie et la France sont extrêmement importantes". Interrogé sur ce qu'il "attendait de l'Algérie" pendant cette visite, M. Sarkozy a déclaré: "Je ne viens pas en attendant de l'Algérie quoi que ce soit". "L'Algérie est un grand pays. La France est un grand pays. Nous devons parler dans un climat de confiance et d'amitié en pays libres, en pays indépendants, en pays qui se respectent". “L'Algérie est notre grand voisin et nous avons une histoire partagée", a déclaré le ministre français à la presse à son arrivée à Alger, indiquant que "beaucoup d'Algériens vivent en France et beaucoup de Français vivent en Algérie", et que l'Algérie "est un pays où je suis venu fréquemment". M. Sarkozy a relevé, dans le même sillage, que l'Algérie et la France sont de "grands pays", ajoutant : "nous devons parler dans un climat de confiance et d'amitié en pays libres et indépendants et qui se respectent et, partant, ce sont des pays qui doivent se comprendre". "Nous avons beaucoup de travail, il y a beaucoup de dossiers", a-t-il par ailleurs déclaré, ajoutant qu'il est "venu en ami retrouver notamment, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nourredine Yazid Zerhouni", avec lequel, a-t-il dit, "j'ai une relation de confiance". Le responsable français a également indiqué qu'il rencontrera, lors de cette visite, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui, "m'a fait l'honneur de me recevoir à plusieurs reprises toutes ces dernières années", ainsi que le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem.