L'annonce d'une baisse de la production des pays membres de l'Opep était acquise bien avant la tenue de la 151e conférence de l'Organisation qui s'est ouverte hier à l'hôtel Sheraton d'Oran. Ce qui était donc attendu hier était le volume de cette baisse. Celui-ci a d'ailleurs dépassé toutes les espérances. Le cartel, a en effet, décidé d'une coupe drastique et cumulée depuis le mois de septembre dernier de 4,2 millions de barils/jour, l'Algérie devant baisser ses quotas de 200 000 barils/jour. Rappelons, dans ce contexte, que l'Opep a décidé d'une coupe de 520 000 barils/jour revenant ainsi à ses quotas initiaux de 28 millions de barils/jour. Voyant que le marché ne répondait pas, le cartel a décidé d'une seconde baisse des quotas de 1,5 million de barils/jour. C'est donc la troisième fois aujourd'hui que l'Opep décide de réduire sa production, et de façon importante (2,2 millions de barils/jour) afin de lancer un signal fort au marché. Cette nouvelle baisse devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2009. Aussi, le cartel a décidé de la tenue d'une nouvelle réunion le 15 mars 2009 à Vienne, afin d'évaluer l'évolution du marché. La réactivité de l'Opep ne peut avoir qu'une seule explication. La situation du marché menace sérieusement la stabilité économique de ses membres. Selon le communiqué final de l'Organisation, après avoir constaté le ralentissement économique et la baisse de la demande mondiale de pétrole, l'Organisation devait prendre une position à même de stabiliser le marché. Il faut dire que rarement la réunion de l'Opep aura été aussi attendue. Et pour cause, voilà longtemps que l'Organisation n'aura eu à ce point à subir autant de pression. La faute à un repli effréné du baril, qui cotait près de 150 dollars fin juillet et qui, moins de cinq mois plus tard, a perdu les deux tiers de sa valeur. Le président de l'Organisation, M. Chakib Khelil, a affirmé qu'il fallait surprendre le marché. Ainsi, pour faire rebondir les cours, l'Organisation a voulu taper fort. D'ailleurs, la tendance s'est affichée dès mardi. Pendant toute la journée, les ministres des différents pays producteurs ont parlé d'une seule voix d'une réduction "d'envergure" de la production. Hier encore, Chakib Khelil avait souligné la nécessité pour les pays de l'Organisation de conjuguer leurs efforts face aux défis induits par la crise économique mondiale. "Les contextes induits par la crise économique exigent la conjugaison et l'harmonisation de nos efforts pour faire face aux défis qui se posent", a-t-il affirmé. Il a également précisé que cette réunion extraordinaire avait pour but "d'étudier le marché pétrolier et d'examiner les perspectives, dans le court terme, qui permettront d'inverser la situation actuelle". L'Algérie, a-t-il dit, "ne ménagera aucun effort pour contribuer à la réalisation des objectifs de l'Organisation au mieux des intérêts de tous les pays membres". De plus, la Russie et l'Azerbaïdjan retireront du marché des centaines de milliers de barils additionnels. Le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, chargé du secteur de l'Energie a annoncé mardi ne pas exclure une baisse de "300 000 à 320 000 bj" si la "situation actuelle des prix continue" et l'Azerbaïdjan s'est déclarée prête hier à couper dans son offre de l'ordre de 300 000 bj. "Il est tout à fait possible pour nous de réduire la production actuelle de 840.000 à 540 000 barils", a précisé le ministre azéri. Le secrétaire général de l'Organisation M. El-Badri avait expliqué, mardi, et souhaité une réduction de la production des pays non membres de "pas moins de 500 000 à 600 000 barils par jour". En tout état de cause, l'Opep a réussi à faire rebondir les cours hier. Le baril de Brent de la mer du Nord pour le contrat de février (premier jour de cotation) valait 48,46 dollars, en hausse de 1,81 dollar par rapport à la clôture de mardi soir. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en janvier s'échangeait à 45,15 dollars, prenant 1,55 dollar. De notre envoyé spécial à Oran, Yacine B.