Le Fespaco, festival panafricain du cinéma et de la télévision, a vingt années d'âge. Ce rendez-vous, qui rassemble les professionnels de l'image et du son du continent africain, est la plus importante rencontre cinématographique africaine. Le Fespaco, une manifestation qui se tient tout les ans à Ouagadougou, la capitale burkinabée, s'ouvre le 24 février prochain et s'étalera jusqu'au 03 mars. L'événement, une référence internationale, a été lancé la semaine dernière dans la capitale parisienne. Pour fêter ces 20 années d'âge, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou () a choisi de se décliner autour du thème “ Cinéma africain et diversité culturelle” qui fera l'objet d'un colloque. Pas moins de vingt longs métrages seront à l'affiche de ce rendez-vous, le plus important d'Afrique. Parmi ces films qui ont été sélectionnés déjà pour la compétition officielle, il y aura le tout dernier né de l'algérienne, Djamila Sahraoui, Barakat ; un film sans grande saveur mais qui a raflé le Prix du jury au dernier festival du Caire. Sera, également, à l'affiche l'Oscar du meilleur film étranger, l'œuvre su sud-africaine, Tsotsi. Daratt du cinéaste tchadien Mahamat Saleh-Haroun ou encore Africa Paradis du Béninois Sylvestre Amoussou, seront également proposés à cette grande fête du cinéma. La 20e édition du Fespaco sera, par ailleurs, une excellente occasion pour les festivaliers de découvrir les cinémas marocain et malien. Le premier fait l'objet d'un focus, le second d'une rétrospective. Au programme, également, le lancement de la collection DVD/Cinémathèque Afrique dont les deux premiers coffrets rassembleront les films qui ont reçu l'Etalon de Yennenga. Selon Baba Hama, délégué général du Fespaco qui a été rencontré par Afric.com, cette manifestation se fera “ principalement dans le cadre d'un colloque qui va rassembler des institutions et organismes œuvrant dans le sens de la promotion de la diversité. Ce colloque va se pencher sur la façon dont doit exister le cinéma africain dans ce contexte de mondialisation et son apport dans cette diversité culturelle ” annonce-t-il, ajoutant que, pour cette rencontre, “ nous avons reçu des films qui viennent pratiquement de l'ensemble du continent africain. Aujourd'hui, on parle même des cinémas d'Afrique. En 2005, c'était déjà 82 pays qui étaient représentés. Cette année, nous attendons à peu près le même nombre de nations d'Afrique, d'Europe, d'Amérique et d'Asie ”. Concernant l'image du cinéma africain, le délégué général rappelle que “ ce cinéma est né dans un contexte particulier, celui des pays en voie de développement. La situation de ce cinéma est à l'image de la leur ”. Pour Baba Hama, le marasme de ce cinéma “est peut-être une situation générale, mais ce n'est pas pour autant que les hommes et les femmes de ce secteur baissent les bras. Je pense que ce sont des gens que l'on doit encourager. Il n'est pas rare d'entendre que le cinéma est un luxe pour le continent africain. Ce n'est pas l'avis des professionnels, au contraire, l'Afrique doit pouvoir créer ses propres images afin de donner à l'ensemble de l'univers sa propre vison du monde”. S'agissant de l'objectif du Fespaco dans un continent qui manque de structures cinématographiques les plus élémentaires comme les salles sombres par exemple, le délégué général explique qu'à ce niveau, “il n'y a pas que le festival qui soit concerné, même s'il est vrai que c'est un cadre de discussion et d'éveil des consciences sur certains problèmes. Heureusement, pour nous, que ce débat ne se fait pas seulement qu'entre professionnels, il se fait aussi entre décideurs”. Pour Baba Hama, quand les salles ferment, “ il y a des solutions qui peuvent être apportées en incitant les promoteurs à édifier des salles. Cela peut se faire grâce à des mesures comme la défiscalisation sur la base de décisions politiques. Il y a aussi la mise en place de billetteries, encore faudrait-il savoir le nombre de spectateurs pour pouvoir calculer la rentabilité des films afin de procéder à une redistribution via, par exemple, les droits d'auteur. Ce sont ce type de mesures que les décideurs politiques pourraient prendre pour favoriser l'émergence du cinéma africain. Si en Europe, en dépit de la concurrence de la télévision, l'on construit encore des duplex et des multiplex, cela veut dire que l'activité cinématographique peut être viable. C'est une industrie comme une autre qui comprend, bien évidemment, aussi des risques”. “ Il faut surtout sensibiliser le secteur privé africain. Jusqu'ici, on s'est plutôt concentré sur les Etats qui ont déjà d'énormes priorités ” explique-t-il. Fespaco mettra un accent particulier sur le documentaire… car selon Baba Hama, “ le documentaire est un secteur en pleine croissance. Les grandes chaînes internationales ont des besoins en matière de programmes et l'un des produitss phares, ce n'est pas la fiction, mais le documentaire. Cela constitue un débouché pour le cinéma africain ”. Comme la musique est aussi à l'honneur avec l'illustre parrain de cette 20e édition, Manu Dibango…A ce sujet, l'orateur dira que nous organisons, “un panel sur la musique de film, dans le cadre du marché international du cinéma et de la télévision, le Mica, afin de réfléchir sur l'apport de la musique dans la promotion commerciale d'un film. Certaines bandes originales ont fait le succès d'un certain nombre de films et vice versa ”. Enfin Baba Hama clot son intervention sur une note d'espoir pour le cinéma africain qui est pour lui “ jeune, donc plein d'avenir ”.