Le prix du baril texan a repassé, hier, le seuil de 40 dollars, l'agression menée par Israël contre la bande de Gaza étant venue rappeler aux investisseurs que les tensions géopolitiques étaient susceptibles de menacer les livraisons à partir du Moyen-Orient. À 11h30 GMT, le contrat février sur le brut léger américain gagnait 7,37% à 40,51 dollars le baril et le Brent prenait 7,64% à 41,30 dollars. "La géopolitique avait disparu du marché du pétrole lors des deux derniers mois mais elle marque son retour avec l'attaque d'Israël à Gaza", commente Olivier Jakob de Petromatrix. Après avoir procédé à de nombreux bombardements pendant trois jours, qui ont fait plusieurs centaines de morts, Israël se préparerait à lancer une attaque au sol contre les Palestiniens. Vendredi, les prix du pétrole avaient mis fin à neuf séances consécutives de baisse et terminé en hausse, à l'issue d'une séance peu animée au lendemain de Noël, soutenus par la décision des Emirats arabes unis d'abaisser leur production pour se conformer aux quotas de l'Opep. Selon les analystes, le rebond du brut de vendredi s'explique par le fait que le marché dispose d'éléments attestant que les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont commencé à appliquer la décision de réduire leur production. "On commence à voir les preuves de la réduction de la production par l'Opep", a expliqué Dave Ernsberger, analyste chez Platts. L'Opep avait annoncé officiellement le 17 décembre une baisse de sa production de 2,2 millions de barils par jour (mbj) à l'issue d'une réunion à Oran (Algérie). Cette réduction doit être effective au 1er janvier 2009, selon le communiqué officiel publié à l'issue de la réunion. Selon le cartel, la baisse de son offre depuis septembre se monte à 4,2 mbj. Par ailleurs, l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a déclaré, lundi, que les cours du pétrole brut allaient rebondir autour de 100 dollars le baril entre 2010 et 2015. Fatih Birol a précisé, lors d'une conférence sur l'énergie à Istanbul, qu'il s'attendait à des pressions baissières sur les cours en 2009 mais ensuite à une nouvelle remontée des prix de l'or noir en 2010, grâce à une amélioration attendue de la situation économique mondiale. Les cours du brut évoluent toutefois à un niveau bien inférieur à leurs records de juillet dernier, ce qui incite la Chine à envisager de profiter de ces prix bon marché pour constituer des réserves de brut destinées à se prémunir contre une pénurie de production qui pourrait intervenir à l'avenir. "La sévérité de la crise économique a conduit à une chute de la demande en pétrole et à une pression sans précédent sur les prix. Le volume disponible sur le marché international excède largement la demande mondiale", écrit Chang Guobao, directeur de l'Administration nationale chinoise de l'Energie, dans une tribune publiée par le Quotidien du Peuple.