De nombreux pays d'Europe centrale et des Balkans sont toujours aux prises avec une pénurie de gaz naturel. Coup de théâtre. Les livraisons de gaz sont toujours suspendues. L'Europe grelottera encore, quelques heures au moins, même si les Russes et les Ukrainiens ont signé un accord pour surveiller le transit du gaz par le gazoduc ukrainien, ce qui doit en principe lever tous les obstacles à la reprise des livraisons à destination de l'Europe occidentale. Pourtant, il n' y a pas matière à se réjouir, le géant gazier russe Gazprom n'ayant toujours pas rouvert les robinets. L'approvisionnement en gaz de nombreux pays de l'Europe centrale et des Balkans, suspendu le 1er janvier, ne reprendra pas avant demain, au plus tôt. Enfin, même si la Russie et l'Ukraine ont signé un accord, la crise n'est pas finie pour autant: les deux parties n'ont toujours pas réussi à s'entendre sur le prix du gaz et sur le remboursement des arriérés. L'Ukraine, touchée de plein fouet par la crise financière, ne trouvera pas les fonds nécessaires pour payer le gaz au prix russe, même si celui-ci n'augmente que modérément. Le géant gazier Gazprom réclame de l'Ukraine le paiement de plus de 2 milliards de dollars d'arriérés avant de parapher un nouvel accord sur les livraisons de gaz. Mais Naftogaz a averti qu'elle ne paierait rien de plus que les 1,5 milliard de dollars versés mardi dernier. Un autre imbroglio vient de perturber la mise en oeuvre de l'accord. Le géant russe Gazprom a rappelé hier que les livraisons de gaz vers l'Europe reprendraient une fois que les observateurs chargés de surveiller le transit via l'Ukraine seraient en place. «Je ne peux pas dire quand les livraisons vont reprendre. Cela n'aura lieu que lorsque les observateurs seront en place», a déclaré, à partir de Bruxelles, le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov. Pourtant, la présidence tchèque de l'Union européenne avait indiqué quelques minutes plus tôt que la Russie avait promis la reprise des livraisons à 07h00 GMT aujourd'hui. Une simple promesse russe. La crise gazière ressemble de plus en plus à une véritable girouette. Aussi, l'Union européenne ne veut plus jouer à la roulette russe. Elle a décidé de diversifier ses partenaires, sans pour autant cesser son partenariat avec la Russie. L'interruption brutale des livraisons alors que la saison est particulièrement glaciale, aura des conséquences. L'Union européenne cherche par tous les moyens à diversifier son approvisionnement en gaz. Elle va aussi chercher des solutions alternatives pour la production d'électricité. Sur ce point, l'Algérie demeure une alternative majeure. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, n'a-t-il pas laissé entendre que l'Algérie est prête à augmenter ses quantités de gaz livrées à ses partenaires européens si les contrats gaziers qui la lient à ces derniers le permettent. Une solution à prendre au sérieux d'autant que les cours de baril de pétrole étaient hier en nette baisse. Le baril de Light sweet crude pour livraison en février s'échangeait, hier, à 38,35 dollars, en baisse de 2,48 dollars par rapport à son cours de clôture de vendredi. A la tension née du conflit gazier russo-ukrainien, est venu se greffer l'affaiblissement des investissements. Après avoir dépassé brièvement les 50 dollars sur fond de fortes tensions géopolitiques, les cours ont fini la semaine en repli, reprenant leur tendance baissière.