La production d'énergie électrique à partir d'usines fonctionnant au gaz, au Brésil, a connu une hausse vertigineuse depuis le début de l'année. D'ici à 2012, la compagnie nationale Petrobras compte fournir au marché près de 130 millions de m3 de gaz par jour, soit plus du double de la consommation actuelle. Certes, la découverte récente de très larges réserves de gaz et de pétrole est une bonne nouvelle, mais il faudra près d'une décennie pour que la première goutte d'or noir jaillisse des fonds marins dits du pré-sal. Et les investissements ont été récemment qualifiés de "gigantesques" par José Sergio Gabrielli, le président de la Petrobras. Les experts estiment que d'ici à 2017, près de 500 milliards d'euros devront être investis pour exploiter ces réserves, qui feront du Brésil le sixième producteur mondial de gaz et de pétrole. Toutefois et en attendant que se concrétise cet objectif, le Brésil pense à diversifier ses sources d'approvisionnement. C'est donc dans ce cadre qu'est inscrite la construction d'un terminal gazier ultramoderne conçu pour recevoir des navires spéciaux chargés de gaz naturel liquéfié (GNL) au large de Rio de Janeiro pour l'approvisionnement en gaz africain. À terme, 16 millions de m3 de gaz seront produits ici chaque jour à partir de gaz en provenance d'Algérie et du Nigeria. Cette infrastructure, qui permettra au Brésil de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Bolivie, constitue également une aubaine pour d'Algérie qui cherche à diversifier sa clientèle. Une vraie aubaine d'autant que les deux pays ont conclu, en mai 2007, un accord-cadre portant sur l'achat et vente en spot de GNL algérien à destination du marché brésilien. Selon cet accord, Petrobras envisage d'importer du GNL à travers deux projets de terminaux de regazéification dont ce terminal de Guanabara. Jusqu'à présent, jamais le Brésil n'avait importé de gaz d'Afrique. L'usine flottante de la baie de Guanabara permettra aussi de stocker 140 millions de m3 de gaz, des réserves utiles en cas d'augmentation subite de la demande. La plate-forme de Rio devrait être opérationnelle le mois prochain. Une seconde, au large de Fortaleza dans l'Etat nordiste du Céara, a été inaugurée fin août et possède une capacité de production de 7 millions de m3 par jour. Ces terminaux gaziers ont une fonction géostratégique. Pour la Petrobras, la compagnie pétrolière d'Etat qui finance les travaux, l'objectif est clair : augmenter l'offre de gaz disponible sur le marché domestique et diversifier les sources d'approvisionnement afin de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Bolivie. Chaque jour, ce voisin sud-américain fournit au Brésil 31 millions de m3 de gaz naturel, soit près de la moitié du volume consommé dans le pays. L'autre moitié, soit environ 40 millions de m3, provient des champs gaziers situés au large des côtes du Brésil. Les Etats du sud brésilien comme ceux de São Paulo, de Rio de Janeiro ou du Rio Grande do Sul sont actuellement dépendants à 100 % du gaz bolivien. Or, à plusieurs reprises durant l'automne, les opposants au président Evo Morales ont envahi des installations de distribution de gaz dans leur pays, faisant planer la menace d'un rationnement de la distribution. Yacine B.