Le ministre irakien de l'intérieur, Jawad Kadhem Al Boulani, a demandé mardi aux pays arabes de réserver des lits dans leurs hôpitaux pour soigner des policiers irakiens victimes des "terroristes". Intervenant devant le conseil des ministres arabes de l'intérieur réuni à Tunis, M. Al Boulani a souligné "la faiblesse des moyens et des équipements dont disposent les effectifs de la police irakienne", alors que les morts et blessés se comptent "par milliers". Il a par ailleurs demandé un rééchelonnement du versement de la contribution de l'Irak au conseil des ministres arabes de l'Intérieur, un organisme relevant de la Ligue arabe, invoquant les "problèmes financiers énormes dont souffre l'Irak du fait des graves défis sécuritaires auxquels il est confronté". Le ministre a aussi lancé une invitation au conseil à tenir une réunion extraordinaire à Bagdad au cours de l'année 2007. par ailleurs, la communauté chiite a été visée mardi par plusieurs attentats et attaques en Irak, alors que plus de deux millions de pèlerins affluaient dans les sanctuaires pour célébrer le jour le plus sacré du calendrier chiite, l'Achoura. Au moins soixante personnes ont été tuées dans les violences dans la journée. L'attentat le plus meurtrier a eu lieu à Mandali, ville à majorité chiite au nord-est de Bagdad, près de la frontière iranienne. Un kamikaze s'est fait exploser au milieu de fidèles qui entraient dans une mosquée, faisant 26 morts et 47 blessés, selon la police. Plus au Nord, une bombe dissimulée dans une poubelle a explosé au milieu de centaines de fidèles chiites à Khanaqin, une ville kurde située à 140km au nord-est de la capitale. L'attaque a fait au moins 12 morts et 28 blessés, selon le commandant de police, Idriss Mohammed. "Je participais aux cérémonies de l'Achoura avec mon fils et tout à coup, le carnage!", a raconté Abdul Jasim Hassan, en tenant son fils de onze ans, dont la jambe droite saignait. De son côté, Nawal Hasson a expliqué qu'elle avait supplié son mari de ne pas participer aux cérémonies mais l'avait suivi quand il avait refusé de rester à la maison. "J'avais l'intuition que quelque chose allait se produire, parce que les terroristes visent toujours les chiites". Par ailleurs, des hommes armés circulant à bord de deux véhicules ont ouvert le feu sur un autocar transportant des pèlerins vers la plus grande mosquée chiite de Bagdad, faisant au moins sept morts et sept blessés, a-t-on appris auprès de la police. Quelques heures plus tard, des obus de mortier sont tombés sur deux quartiers à majorité sunnite, faisant neuf mort et une trentaine de blessés, selon la police qui pensait qu'il s'agissait de représailles. Par ailleurs, une personne a été tuée dans une attaque au mortier sur un quartier chiite, selon la police. Un chiite a été abattu à Bagdad et à Mossoul, dans le nord du pays, une bombe a tué deux policiers. Malgré les craintes de nouvelles attaques, des millions de chiites commémoraient l'Achoura dans le pays, participant à des processions et se frappant jusqu'au sang pour marquer l'anniversaire de la mort au VIIe siècle de l'imam Hussein, le petit-fils du prophète Mahomet. Plus d'un million et demi de pèlerins chiites, venus d'Irak pour la plupart mais aussi parfois d'autres pays dont l'Inde ou le Pakistan, ont participé aux cérémonies dans la ville sainte de Kerbala sous haute sécurité, selon le gouverneur de la province Akeel al-Khazaali. La ville était entièrement bouclée et les pèlerins étaient fouillés aux nombreux barrages. Tous les véhicules, y compris les vélos, étaient interdits.