La crise économique risque de priver les pays en développement de moyens pour lutter contre les maladies animales, qui menacent pourtant aussi les pays riches, a mis en garde le directeur de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Bernard Vallat. Des épizooties comme la grippe aviaire, mais plus largement le développement sans précédent des échanges à l'échelle mondiale font qu'aujourd'hui, "un seul pays peut mettre en danger le reste de la planète", a soulignée M. Vallat lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de l'OIE à Paris. En Grande-Bretagne, la réintroduction de la fièvre aphteuse par le biais d'un plateau-repas ayant transité par un aéroport avait coûté 10 milliards de livres sterling et infligé des dégâts au tourisme dans des régions rurales, a-t-il rappelé. Aussi "est-il dans l'intérêt des pays riches d'investir dans les pays pauvres" pour les aider à éradiquer leurs foyers de contamination et à prendre les mesures préventives nécessaires à une bonne santé de leur cheptel. "Les échanges mondiaux vont se poursuivre malgré la crise, à des niveaux sans précédent par rapport à il y a tout juste 10 ans", selon M. Vallat. Il a estimé que l'augmentation de la demande de protéines animales, en hausse de 50% d'ici 2020, selon une projection réalisée il y a deux ans, sera peut-être ralentie par la crise, mais pas stoppée ni inversée. Parmi les menaces pour la sécurité alimentaire, Bernard Vallat a cité "le problème extrêmement grave de la décroissance des populations d'abeilles", conséquence directe de la mondialisation. "Des échanges de géniteurs qui se sont développés en dehors de tout contrôle ont permis à des pathogènes de se généraliser", a-t-il expliqué. Certaines maladies ont fragilisé les abeilles, qui sont ensuite devenues moins résistantes aux pesticides. La raréfaction des abeilles, qui assurent la pollinisation de nombreuses espèces végétales, peut conduire dans des pays pauvres à une diminution de la production agricole. Enfin, si le nombre d'humains infectés par le virus H5N1 de la grippe aviaire diminue, "le risque théorique que le virus mute et devienne un " killer " est toujours présent", a rappelé M. Vallat. Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé animale a bien raison. Car malgré la lutte mondiale contre la grippe aviaire pilotée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus est toujours présent et refait surface. Les autorités chinoises ont indiqué aujourd'hui qu'elles avaient procédé à l'abattage de près de 400 000 volailles à la suite de la découverte d'un foyer d'infection. Aucun humain ne serait atteint. Et toujours aujourd'hui, l'Inde signale une épidémie après la mort de 5 000 poulets en une semaine au Bengale où des millions de volatiles avait été abattus en janvier dernier. Plus tôt cette semaine, les services compétents à Hong Kong avaient ordonné l'abattage de 80 000 volatiles. Au cours des dernières semaines, des foyers ont aussi été signalés au Cambodge et en Egypte où une jeune fille est morte lundi. Le virus est aussi toujours présent en Indonésie. Deux fillettes ont été atteintes et l'une en est morte. Depuis son apparition en Chine en 2003 l'OMS a dénombré 389 cas qui ont entraîné près de 250 décès. Au plus fort de l'éclosion en 2006 et 2007 plus de 200 cas avaient été recensés principalement en Indonésie, en Egypte, en Chine et en Turquie et 138 personnes en étaient mortes. Dalila B.