Après l'effondrement généralisé des cours des matières premières, parallèlement à la chute violente des indices boursiers cet automne, nous avons assisté depuis la fin décembre à un rebond sans précédent. Ainsi, les cours des métaux de base ont fini la semaine en petite hausse ou stables, grâce à des achats de fonds indiciels, mais leurs gains de début d'année restent vulnérables dans un contexte économique mondial qui continue à se détériorer, estiment les analystes. Seuls les prix du nickel ont baissé, dans un contexte très défavorable à ce métal. "Le principal facteur qui opère actuellement est la réallocation" des investissements gérés par les fonds indiciels de matières premières, expliquait William Adams, du cabinet Base Metals. En début de trimestre, les fonds d'investissement indexés sur les achats de matières premières, comme les paniers GS Commodity Index et Dow Jones-AIG Commodity Index, procèdent à la réallocation de leurs investissements. Les prix des métaux en ont profité cette semaine, bien qu'ils restent vulnérables aux mauvaises nouvelles économiques, comme l'a montré une rechute des prix mercredi après la parution d'indicateurs catastrophiques en Europe. "Le marché a recommencé à se concentrer sur la demande, dans un environnement macroéconomique qui se détériore", avaient alors commenté les analystes de la banque Barclays Capital. Des indicateurs ont confirmé cette semaine une année 2009 douloureuse pour la zone euro : un bond à 7,8% en novembre du taux de chômage en zone euro, son plus haut niveau depuis presque deux ans, et un indice de confiance économique tombé à son plus bas niveau depuis sa création en 1985. L'horizon pour l'économie américaine reste lui aussi bouché, comme l'ont montré des chiffres de l'emploi vendredi : plus d'un demi-million d'emplois ont été supprimés pour le deuxième mois consécutif en décembre, le taux de chômage bondissant à 7,2%, son plus haut niveau depuis janvier 1993. Le cuivre a fini en petite hausse, après que sa progression du début de l'année s'est essoufflée. Le métal rouge a grimpé, mercredi, jusqu'à 3570 dollars, avant de terminer sur un gain plus modeste. Le 24 décembre, il était tombé à 2817 dollars, un plus bas depuis quatre ans. L'Aluminium a quant à lui achevé la semaine stable, après avoir poussé jusqu'à 618 dollars mercredi. Le producteur américain d'aluminium Alcoa a annoncé, mardi, la suppression de 13'500 emplois dans le monde, soit une réduction de 13% de ses effectifs. Le Nickel a fini en baisse de 11%, échouant à conserver les gains impressionnants amassés vendredi dernier. Il avait bondi de 1500 dollars en une seule séance à la faveur d'achats spéculatifs. "Cette forte chute n'est pas surprenante, sachant que le rebond des prix n'était pas garanti par l'offre et la demande, qui restent caractérisés par des stocks abondants au LME et des conditions de demande très faibles dans le secteur de l'acier inoxydable", estime Barclays Capital. Les stocks restent proches de leur niveau le plus élevé depuis juillet 1995, précisent-ils. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois coûtait 3329 dollars vendredi à 14H00 GMT (15H00 HEC) contre 3169 dollars la tonne une semaine plus tôt à la même heure. Il faut savoir que les indices sont à la hausse. Le CAC 40 affichait une hausse de quelque 12%... Lundi, Eramet avait gagné jusqu'à 54% depuis Noël, et ArcelorMittal 31% ! Serait-ce le retour des investisseurs sur les marchés actions et matières ? Une chose est certaine : le mouvement haussier généralisé a été initié par quelques investisseurs seulement au moment des fêtes. Ils étaient alors très peu nombreux. En revanche, à la fin des vacances, lorsque les investisseurs sont revenus vers les marchés, ils se sont engouffrés massivement dans ce mouvement haussier, l'exacerbant d'autant plus. Globalement, les matières ont été tirées par l'affaiblissement du dollar qui revenait de 1,24 et jusqu'à 1,48 contre l'euro durant les fêtes. Le billet vert reprend toutefois du poil de la bête ces derniers jours. Les matières ont été également tirées par la hausse du cours du baril, dopé par les pressions géopolitiques : conflit entre Israéliens et Palestiniens ainsi que tensions entre la Russie et l'Ukraine qui génèrent des coupures de gaz. Et il y a aussi des facteurs purement techniques. Les matières avaient été à ce point lynchées alors qu'elles bénéficient aujourd'hui du repositionnement des investisseurs sur la classe d'actifs. En fin d'année, les institutionnels ont allégé leurs portefeuilles. Ils doivent aujourd'hui reprendre des positions, et les matières ont été les premières à en bénéficier. Il faut dire qu'on atteignait des niveaux historiquement bas, pour ne pas dire planchers. A ces niveaux de cours, les matières premières sont un must. Synthèse R.T.M.