Les cours des métaux de base ont lourdement chuté cette semaine, touchant des niveaux plus observés depuis des mois, sur un marché craignant qu'un ralentissement de l'industrie chinoise ne sape la demande de matières premières. "Au stade actuel, trop de problèmes empêchent les marchés de matières premières, dont les métaux, de tenter un redressement crédible", explique Ed Meir, analyste chez MF Global, citant notamment "le fait que l'euro n'ait pas encore touché le fond et "les craintes persistantes sur un ralentissement de la reprise économique, sur fond d'incertitudes en Europe et de resserrement monétaire en Chine". Selon l'analyste, le fait que les cours n'aient pas profité d'un rebond des Bourses pendant la semaine "suggère que le marché des métaux est focalisé sur la Chine plus que sur tout autre pays". En début de semaine, deux indicateurs industriels chinois décevants ont d'ailleurs attisé parmi les investisseurs la crainte que la Chine ne ralentisse sa consommation de métaux: l'indice de la banque HSBC s'est établi à 52,7 points, son plus bas niveau en 11 mois, contre 55,2 en avril, tandis que l'indice officiel chinois, établi par la China Federation of Logistics and Purchasing (CFLP), est tombé à 53,9 contre 55,7 le mois précédent. "La pression sur les prix des métaux de base s'est encore renforcée aujourd'hui (vendredi) avec les chiffres plus faibles qu'espéré de l'emploi américain", complétait Myrto Sokou, analyste de la maison de courtage Sucden. L'économie américaine a créé 431'000 emplois de plus qu'elle n'en a détruit en mai. C'est le chiffre le plus élevé depuis mars 2000, mais les analystes attendaient nettement mieux: ils estimaient qu'un demi-million d'emplois nets avaient été créés en mai. Les cours du CUIVRE ont terminé en baisse de 10% sur la semaine, après un plongeon jusqu'à 6277,50 dollars, leur prix le plus faible depuis février. La compagnie publique chilienne Codelco a pourtant indiqué cette semaine qu'elle avait entièrement vendu sa production de 1,7 million de tonnes, prévue en 2010, et que la demande s'améliorait, rapportait Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital. L'ALUMINIUM a plongé jusqu'à 1880 dollars, un plus bas depuis octobre 2009. Fortement érodé lui aussi, le PLOMB est descendu jusqu'à 6291 dollars, son niveau le plus déprimé en 11 mois. Le ZINC a, quant à lui, coulé jusqu'à 1646 dollars, un plus bas depuis 11 mois également. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 6292 dollars la tonne vendredi à 15H30 GMT (16H30 HEC) contre 6991 dollars la tonne vendredi dernier à la même heure. Notons que de leur côté, les indices de transport maritime ont évolué en ordre dispersé la semaine dernière, l'indice composite Baltic Dry Index étant le seul à marquer une hausse grâce à une bonne performance des importations chinoises de charbon. L'indice composite Baltic Dry Index (BDI), moyenne des prix pratiqués sur 24 routes mondiales de transport en vrac de matières sèches (minerais, charbon, métaux, céréales, etc.), a repris le chemin de la hausse la semaine dernière, grimpant même jusqu'à 4.209 points mercredi, son plus haut niveau depuis fin novembre 2009. L'indice a terminé vendredi 28 mai à 4.078 points, contre 3.844 points le vendredi précédent. Le Baltic Panamax Index (BPI), qui comporte sept routes dont la plupart concernent les céréales, a repris le chemin de la baisse après avoir renoué la semaine précédente avec un niveau plus vu depuis la faillite de la banque Lehman Brothers, touchant 4.622 points le 20 mai, un plus haut depuis septembre 2008. Il a fini vendredi dernier à 4.247 points, son plus bas niveau en deux semaines et demi, contre 4.576 points une semaine plus tôt. Le BDI a été soutenu par des chiffres solides des importations chinoises de charbon ainsi que par une réduction de l'offre pour les routes atlantiques, notaient les analystes de l'agent maritime BRS. Mais l'indice s'est érodé en fin de semaine, du fait notamment d'une chute de la demande en Inde, où la mousson a presque complètement interrompu les chargements de minerai de fer, ainsi que d'une surabondance de navires disponibles dans le Pacifique, poursuivaient les analystes. Quand aux frets pétroliers, ils ont chuté de concert, retrouvant des niveaux plus vu depuis près de six semaines. De plus, "le nombre de bateaux disponibles pour les quelques semaines à venir est tel qu'on ne peut s'attendre à un changement de tendance", notait BRS, surtout du fait de la baisse d'activité engendrée lors de la semaine en cours par un jour férié lundi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. L'indice Baltic Dirty Tanker Index (BDTI), moyenne des taux pratiqués sur onze routes de transport de pétrole brut, sont reparti à la baisse après avoir atteint la semaine précédente un sommet en quatre mois à 1.122 points, à courte distance d'un pic depuis décembre 2008 (1.216 points) touché à la mi-janvier. Il a fini à 962 points, contre 1.114 points le vendredi précédent, son plus bas niveau depuis le 19 avril.