Par Lyès Bensid L'élection de Barack Hussein Obama en tant que premier président noir des Etats-Unis d'Amérique a été certes un moment historique, mais elle a surtout été perçue comme un signe de rupture avec l'ère Bush et des "Néo-cons". Les médias internationaux n'ont cessé de présenter cette élection comme la victoire de l'espoir sur la peur. Car il faut bien le dire, l'afro-américain Obama a représenté un symbole pour les laissés pour compte aussi bien aux Etats-Unis qu'ailleurs. Mais la barre a été placée trop haut. On attend Obama sur plusieurs dossiers liés à la politique internationale. Le président fraîchement élu a pris ses fonctions mardi et certaines promesses ont commencé à prendre corps. Au deuxième jour de sa présidence, Barack Obama a ordonné la fermeture du centre de Guantanamo, mis la torture hors la loi, et interdit à la CIA d'entretenir des prisons secrètes. Il a également promis "un engagement fort" au Proche-Orient. Mais dans ce cas précis, ceux qui voyaient en Obama l'homme de la rupture risquent d'être déçus. Obama a rappelé que le Hamas devrait reconnaître le droit à l'existence d'Israël et renoncer à la violence s'il veut participer au processus. On voit donc clairement que le soutien à Israël reste systématique. D'un autre côté, les médias ne se sont pas appesantis sur l'attitude de la nouvelle administration américaine envers les puissances émergentes ou réémergentes, comme la Chine et la Russie. Là, c'est une autre paire de manches et c'est la logique de la confrontation qui prend le pas. Les accusations fusent, et la Maison-Blanche ne s'en cache pas. Jeudi, le secrétaire au Trésor choisi par le président américain, Timothy Geithner, a directement accusé la Chine, de manipuler le Yuan, jetant ainsi un pavé dans la mare et usant de qualificatifs que même l'administration Bush avait évité d'utiliser. Outre la Chine c'est l'ours russe qui inquiète Washington. Ainsi, le futur patron du renseignement américain, l'amiral Dennis Blair, a déclaré que la CIA et les autres services d'espionnage des Etats-Unis (la NSA, par exemple) vont espionner les "amis" et "alliés" de l'Amérique en Europe. La déclaration de l'amiral Blair est limpide : "Tandis que les Etats-Unis doivent comprendre les plans et les ambitions militaires de la Russie dans ce qu'elle appelle son "étranger proche", la communauté du renseignement doit aussi aider les politiques à comprendre la dynamique des problèmes de sécurité européenne, y compris les actions des nos alliés et amis, de façon à bâtir une politique qui soutiendra les objectifs américains." Le renseignement américain portera ainsi un intérêt tout particulier aux projets d'accords gaziers entre les Européens, la Russie et les pays limitrophes de la mer caspienne ; la position des Européens sur les candidatures de la Géorgie et de l'Ukraine à l'Otan et l'évolution des discussions entre Moscou, Paris ou Berlin sur la nouvelle architecture de sécurité militaire réclamée par Medvedev (et soutenue par Sarkozy) et en particulier sur l'avenir de l'OSCE. Enfin bref, même si l'ère de la guerre contre le terrorisme version Bush est révolue (ce qui n'est bien sûr pas si évident), la guerre semble avoir changé de terrain. Certaines tensions risquent même de monter d'un cran au lieu de s'apaiser.