L'Amérique a entamé hier l'ère Barack Obama. C'est devant une foule immense que le président élu a prêté serment en tant que quarante-quatrième président des Etats-Unis d'Amérique. L'heure est historique. Obama devient ainsi officiellement le premier président noir des Etats-Unis alors que l'Amérique passe par une phase des plus controversée de son histoire. La cérémonie d'investiture suivie dans le monde entier s'est déroulée dans une atmosphère liturgique propre à l'Amérique. Après que Joe Biden, vice-président, eut prêté serment, Barack Obama, sous l'acclamation de la foule, fait son apparition. Visiblement ému, le président élu prêtera serment à son tour en utilisant le nom de Hussein dans la formule consacrée. Obama prononcera alors le très attendu discours d'investiture sous l'acclamation de la foule. «En ce jour, nous sommes rassemblés car nous avons choisi l'espoir plutôt que la peur, la volonté d'agir en commun plutôt que le conflit et la discorde», a-t-il déclaré devant plus de deux millions de personnes massées au pied des marches du Capitole, siège du Parlement américain. «En ce jour, nous venons proclamer la fin des réclamations mesquines et des fausses promesses, des récriminations et des dogmes éculés qui ont trop longtemps étouffé notre politique», a ajouté le 44e président des Etats-Unis. L'Amérique est «prête à diriger» à nouveau, clamera-t-il. Obama, excellent discoureur, dira aux peuples du monde et aux gouvernants «qui nous regardent aujourd'hui, depuis les plus grandes capitales jusqu'au petit village où mon père est né au Kenya, sachez que l'Amérique est l'amie de chaque pays et de chaque homme, femme et enfant qui recherche un avenir de paix et de dignité, et que nous sommes prêts à diriger à nouveau». Obama a stigmatisé les huit années jugées catastrophiques de l'administration Bush. Une gestion qui a mis à mal l'image des Etats-Unis dans le monde. Il n'a pas oublié d'évoquer les pères fondateurs de la nation américaine dont les «idéaux éclairent toujours le monde» et a promis de ne pas abandonner ces idéaux «par opportunisme» politique, refusant de faire «le choix entre la sécurité et nos idéaux». Barack Obama, très attendu quant à sa politique internationale, a promis que les Etats-Unis allaient commencer à quitter l'Irak «de façon responsable». «Nous allons commencer à laisser l'Irak à son peuple de façon responsable et forger une paix durement gagnée en Afghanistan», a-t-il assuré. Barack Obama propose en outre au monde musulman «une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le respect mutuels». Mais le premier président noir des Etats-Unis s'est adressé aux «dirigeants du monde qui cherchent à semer le conflit ou à accuser l'Occident des problèmes de leur société». «Sachez que votre peuple vous jugera sur ce que vous serez capables de bâtir, pas de détruire», a-t-il dit. Aux peuples des pays pauvres, «nous vous aiderons à augmenter votre productivité agricole. Nous ne pouvons plus nous permettre d'être indifférents à la souffrance en dehors de nos frontières». Il déclare enfin que l'Amérique reste «le gardien de la légalité». Et que les Etats-Unis dont la responsabilité est grande «doivent jouer leur rôle pour une ère de paix dans le monde». M. B.