La Réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire pour tous s'est ouverte lundi à Madrid avec la participation de délégués de près de 100 pays, dont l'Algérie, représentée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaissa, ainsi que des principaux responsables d'Agences internationales, comme la FAO. M. Benaissa a présenté à cette occasion la nouvelle politique de l'Algérie dans ce domaine. C'est dans le cadre d'une table ronde sur la "Recherche" sur les politiques agricoles, l'alimentation et la nutrition, que le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a mis en avant le fait que l'Algérie ait enregistré un "accroissement sensible" de sa production agricole et ce, dans le cadre de la nouvelle politique du "renouveau de l'économie agricole et rural" qui intègre dans sa démarche "les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ainsi que les effets attendus des changements climatiques". Se faisant plus précis, M. Benaissa a indiqué qu'en "terme global l'agriculture participe à 8% du PIB national et pèse 20% du nombre total d'emplois", avant d'annoncer que le programme pour les cinq prochaines années ambitionne une croissance de 8% par an. Et d'ajouter que la démarche " se fixe comme objectif prioritaire d'oeuvrer au rapprochement des principaux acteurs du développement de l'économie agricole et par la même encourage la mise en place des mécanismes nécessaires à l'amélioration des liaisons entre les secteurs agricoles et les industries agroalimentaires". Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a également insisté sur le fait que la nouvelle politique agricole passe par un processus de "vaste recentrage de nos moyens et de nos forces". A ce propos, il a expliqué que ce recentrage se fait en terme de "développement équitable, cohérent et harmonieux des territoires, en terme d'articulation et de renforcement de l'intégration de la dynamique agricole à la politique rurale, et enfin en matière de recherche et développement et de valorisation des ressources humaine et construction d'une politique qui repose sur les principes clefs de l'économie fondée sur la connaissance ". Pour ce qui est des objectifs stratégiques que se fixe le Renouveau de l'économie agricole pour assurer la sécurité alimentaire en Algérie, ceux-ci concernent " l'augmentation de la production des produits de large consommation, l'accroissement des rendements et la diminution de la dépendance extérieure ", a-t-il souligné. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a évoqué, par ailleurs, les "contrats de performance" qui permettent, a-t-il dit, un "engagement des différents acteurs par objectifs " et s'inscrivent dans le cadre du " renforcement et de la décentralisation de la décision".et d'ajouter que ces contrats ont pour objectifs la "mobilisation et l'engagement de partenariat public-privé, au niveau local, aussi bien des acteurs et opérateurs locaux (à) que des potentialités et des moyens disponibles, en vue de réaliser les objectifs du projet national de Renouveau ". Le ministre a tenu a préciser dans ce cadre que la mise en oeuvre de ce dispositif accorde une " place de premier plan" à deux acteurs " aussi incontournables que nécessaires : le réseau national des centres d'investigation et de recherche ainsi que la société civile dans toute sa diversité ". La situation alimentaire risque de s'aggraver Il est utile de noter que lors de l'ouverture de la conférence, le directeur général de la FAO, Jacques Diouf a prévenu contre une aggravation de la situation alimentaire mondiale risque en conséquence de la crise financière et de la baisse des prix agricoles. "La contraction des prix agricoles (observée ces derniers mois, ndlr) et l'incertitude financière risquent de ralentir les investissements des agriculteurs et impliquer une importante réduction de la production en 2009/2010", a déclaré M. Diouf. La production de céréales a progressé en 2008, mais cette progression est essentiellement le fait des pays développés et le nombre de personnes souffrant de la faim a progressé l'an passé, totalisant près d'un milliard d'individus, a-t-il rappelé. Pour sa part, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos a averti que l'aggravation de la crise alimentaire est une "menace sérieuse pour la stabilité dans le monde", d'où l'urgence, a-t-il insisté, d'agir dans la "coresponsabilité" et de faire un effort afin de recueillir plus de fonds contre la faim. Le ministre espagnol, qui a réitéré l'engagement de son pays à atteindre 0,7% du PIB dans l'aide au développement en 2012, a suggéré à cet égard la création d'un mécanisme pour canaliser les ressources additionnelles destinées au secteur agricole et aux programmes d'alimentation. Selon lui, cette mesure n'entraînera pas "plus de bureaucratie, mais utilisera les instruments déjà existants, avec l'objectif d'avoir plus de "coordination, de rapidité et de transparence". Pour Moratinos, "l'engagement politique et institutionnel est la condition nécessaire pour lutter de manière efficace l'insécurité alimentaire", tout en inscrivant cette proposition dans l'Alliance globale pour l'agriculture et la sécurité alimentaire pour laquelle il a appelé l'ensemble des acteurs, y compris le secteur public à y faire partie. Protéger et rendre effectif le droit à l'alimentation de toutes les personnes est un défi qui concerne tous les pays, a-t-il souligné dans son intervention d'ouverture de cette réunion qui sera clôturée mardi par le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon. M. Moratinos a indiqué, par ailleurs, que l'éradication de la faim est une question de volonté politique, dans la mesure, a-t-il expliqué que la communauté internationale dispose de "ressources et de moyens" pour y parvenir, d'autant que les "solutions sont connues". Pour cela, il a relevé que la réunion de Madrid doit être un " appel à la responsabilité politique" pour ne pas "reléguer à un second plan le défit de la lutte contre la pauvreté ". Les pays membres de la FAO (agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture) s'étaient engagés, lors d'un sommet à Rome en juin 2008, à réduire de moitié d'ici 2015 le nombre de personnes souffrant de la faim mais n'avaient accompagné leur promesse que d'engagements financiers limités. Les représentants de 95 pays qui se réunissent deux jours à Madrid, lundi et mardi, vont tenter de concrétiser les engagements pris à Rome. La réunion doit se conclure par une "déclaration de Madrid" rassemblant les engagements et actions concrètes des participants pour éliminer la faim dans le monde. L'acte final sera présidé par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero. Synthèse Dalila T.