Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa, a affirmé, hier à Madrid, que la "prise de conscience est réelle" en Algérie face à la crise alimentaire mondiale et que sa politique en la matière s'inscrit en droite ligne des appels lancés lors de la réunion de haut niveau de l'Onu sur l'Agriculture et la sécurité alimentaire dont les travaux ont pris fin mardi dans la capitale espagnole. "En Algérie, cette prise de conscience est réelle, en témoigne le lancement depuis deux années d'une politique de relance agricole et rurale", a expliqué à l'APS M. Benaïssa, qui a entamé mercredi une visite de travail de deux jours en Espagne à l'invitation de son homologue, Elena Espinosa. "Cette nouvelle politique est un recentrage autour de deux axes fondamentaux: améliorer la production et la productivité et développer en même temps la diversité économique en milieu rural, à travers la lutte contre toute forme d'exclusion et la création des conditions d'un développement harmonieux et équitable", a-t-il ajouté. "Autant de conditions nécessaires pour répondre à la crise alimentaire et auxquelles ont appelé les participants à la réunion de Madrid", a fait remarquer M. Benaissa qui avait présenté à cette occasion la nouvelle politique nationale du Renouveau de l'économie agricole et rurale, et affirmé la pleine adhésion de l'Algérie aux objectifs fixés par les différents sommets mondiaux consacrés à la sécurité alimentaire. Le ministre a indiqué, par ailleurs, que la rencontre de Madrid a constitué un "appel fort et pressant" en direction de tous les pays afin d'inscrire dans les prochaines années l'agriculture et la sécurité alimentaire dans leur agenda politique comme "priorité absolue". M. Benaissa a estimé que la communauté internationale "est en train de tirer les enseignements" des deux dernières années de "crise mondiale amplifiée par la crise économique". Cette crise internationale pourra être surmontée par les grands pays développés, mais les raisons et les causes de la crise alimentaire "persistent encore et nécessitent un travail plus en profondeur par chacun des pays", a-t-il conclu. Pour rappel, les participants à la réunion de haut niveau sur "l'agriculture et la sécurité alimentaire pour tous", dont les travaux ont pris fin mardi à Madrid, se sont déclarés "profondément préoccupés" par "l'inacceptable situation d'insécurité alimentaire globale qui affecte plus de 960 millions de personnes dans le monde. Dans une déclaration finale dite "Déclaration de Madrid", les participants ont demandé "d'augmenter davantage les efforts pour atteindre les engagements internationaux en vue d'accroître substantiellement les ressources financières et l'aide publique au développement, notamment en direction de la nutrition, l'alimentation, l'agriculture et les programmes liés à la lutte contre la faim". Dans ce sens, ils se sont prononcés en faveur d'une mobilisation adéquate des ressources financières pour lutter contre la pauvreté, tout en exprimant leur ferme engagement à considérer le droit à l'alimentation comme étant "un droit fondamental". Le texte rappelle également que les Etats ont la "responsabilité première" de consentir le maximum d'effort pour "garantir" le droit à "disposer d'aliments adéquats de manière régulière et adéquate", particulièrement pour les enfants de moins de cinq ans, les femmes et pour d'autres catégories vulnérables. La Déclaration de Madrid a lancé, en outre, un appel à la mobilisation des ressources déjà engagés et à l'identification des besoins de financement additionnels nécessaires pour faire face à la crise alimentaire et soutenir les petits producteurs. "Ces actions ne seront efficaces que si elles sont menées par les gouvernements des pays affectés, leurs parlements, les gouvernements locaux et par la société civile", précise la déclaration. Par ailleurs, les participants qui ont insisté sur "l'importance d'intégrer la société civile et le secteur privé" dans les actions de lutte contre la crise alimentaire, ont convenu d'initier le processus de création de l'Alliance globale pour l'agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition, dans le but d'améliorer la coordination entre tous les acteurs impliqués dans la lutte contre la faim. A cet égard, ils ont convenu que se soit le groupe de haut niveau de l'ONU, crée en avril dernier chargé d'aborder la crise alimentaire, qui convoque un processus de consultations qui sera ouvert à des organisations d'agriculteurs, société civile, secteur privé, organisations internationales et régionales, ainsi qu'aux gouvernement de pays en développement pour préparer la création de cette Alliance globale. Synthèse D.T.