Approcherait-on de la fin du cycle de hausse des matières premières le plus long jamais vu depuis un siècle ? L'indice élaboré par l'organisme spécialisé Cyclope et l'institut COE-Rexecode prédit une stabilité des cours moyens des produits de base en 2007, après une hausse de 22 % en 2006 et de 29 % en 2005. La croissance mondiale ne va pas faiblir, pas plus que l'appétit des fonds d'investissements pour les matières premières. Pourtant, les grandes vagues de volatilité qui ont agité les métaux non ferreux et notamment le cuivre (8 800 dollars la tonne au printemps 2006 et 5 500 actuellement), le pétrole (78 dollars le baril en août) et le blé (50 % de hausse depuis juillet) semblent moins probables. Certes, les investissements ne peuvent améliorer significativement les capacités de production en l'espace d'un an, mais les marchés s'annoncent plus sereins à l'image du secteur pétrolier que Cyclope estime devoir se stabiliser autour du prix moyen de 65 dollars le baril. Il y aura pourtant une redistribution des cartes entre les matières premières. " Energie stable, métaux à la baisse, agriculture à la hausse, voilà les principales lignes de fracture de 2007", annonce Philippe Chalmin, professeur à l'université de Paris-Dauphine et responsable de Cyclope. l souligne, par exemple, que les projets énergétiques américains annoncés par George W. Bush continueront de pousser à la hausse le maïs de plus en plus utilisé pour fabriquer de l'éthanol, mais aussi le soja qui verra ses surfaces emblavées réduites au profit du maïs plus rémunérateur.Le climat aussi devrait marquer l'année, et M. Chalmin rappelle que le phénomène climatique El Niño fait sentir ses effets en Indonésie où l'hivernage a commencé précocement pour les hévéas tandis que la sécheresse perdure en Australie, ce qui renchérirait le caoutchouc dans le premier cas et la laine, dans le second. François Luguenot, analyste chez Louis Dreyfus Commodities, confirme les incertitudes climatiques "extrêmes" qui pèsent sur les cours des céréales. "En Europe, nous sommes à la merci de la météo, explique-t-il. Si, dans les deux mois, le thermomètre tombe à - 15 ºC ou - 20 ºC, une catastrophe est possible. En cas de températures toujours clémentes, une récolte record est envisageable." C'est pourquoi Cyclope se risque à prédire de fortes hausses moyennes en 2007 pour le maïs (+ 57 %), la laine (+ 45 %), le blé (+ 25 %) et le soja (+ 16 %). En revanche, il annonce le recul des métaux non ferreux, le cuivre (- 18 %), le plomb (- 15 %), et le nickel (- 9 %). Mercredi 24 janvier, celui-ci a fait un pied de nez aux augures en établissant un nouveau record à 38 350 dollars la tonne... Côté marchés, le cuivre est depuis quatre mois, à la baisse. Depuis le début de l'année 2007, le métal rouge est revenu entre 5 000 et 6 000 dollars, au gré des grèves dans les mines chiliennes. Jouant désormais en sourdine, il a atteint à Londres, vendredi 2 février, le cours de 5 600 dollars, en chute de 40 % par rapport aux folies de 2006. " Le déclencheur de la baisse a été le gonflement des stocks, explique Franz Wenzel, directeur adjoint de la stratégie chez AXA Investment Managers. Ceux-ci ont pratiquement doublé en 2006. Bien qu'ils restent à un niveau historiquement bas, cette hausse confirme les analystes dans leur attente d'un ralentissement du cycle économique." Car le cuivre est considéré par les spécialistes comme un bon baromètre de la météo industrielle mondiale. Il est le métal manufacturier par excellence qui entre dans la fabrication des tuyaux, des câbles, des semi-conducteurs et même des médicaments. Du côté de l'offre, la pénurie ne menace plus. L'International Copper Study Group (ICSG) estime que la production africaine a augmenté de 16 % au cours des dix premiers mois de 2006 par rapport à la même période de 2005, grâce à la mise en exploitation de mines dans le bassin du Congo et en Zambie.