Depuis plusieurs mois, les matières premières enchaînent les records et crèvent les plafonds, pour le plus grand bonheur des gérants spécialisés. Elles pourraient continuer sur leur lancée."Notre fonds est à +11% depuis le début de l'année et ce n'est qu'un début", se félicite Jonathan Blake, gérant du Baring Global Resources Fund. Et pour cause, jamais depuis 1974, année du premier choc pétrolier, les marchés des matières premières n'avaient enregistré des hausses aussi spectaculaires. Le gérant considère que les analystes et les marchés se focalisent beaucoup trop sur les risques que peut comporter un ralentissement de l'activité économique aux Etats-Unis et qu'ils ne voient pas que la forte hausse de la demande chinoise de toutes sortes de matières premières est en réalité un phénomène beaucoup plus important pour l'évolution de leurs prix. La part des "soft commodities" dans le portefeuille du Global Resources Fund est passée de 10 % l'an dernier à 18 % environ actuellement.Pour Jonathan Blake, il est évident qu'investir dans les valeurs du secteur des matières premières signifie prendre en compte une volatilité parfois importante, mais d'une manière générale on peut s'attendre à un cycle de croissance beaucoup plus long que les 5 à 7 ans qui étaient la norme jusqu'à présent.Le gérant surpondère les métaux de base, notamment le cuivre et le minerai de fer dont la Chine manque cruellement, les métaux précieux du groupe platine (il s'est un peu allégé récemment sur l'or, qui demeure toutefois l'un de ses favoris), et dans les "soft commodities" la potasse, les phosphates et les engrais azotés. L'uranium est certainement aussi un domaine prometteur étant donné qu'il faudra bien construire des centrales non-polluantes, et le fonds pourrait investir dans ce sous-secteur.En revanche, Jonathan Blake sous-pondère les produits chimiques industriels, dont les prix des intrants augmentent, et l'énergie, ou du moins les grandes compagnies intégrées, la tendance favorisant actuellement plutôt les entreprises locales dans ce secteur. Actuellement (fin avril), Potash Saskatchewan et Petrobras sont les deux lignes les plus lourdes, avec respectivement 7,3 % et 5,2 %, devant Gazprom et Rio Tinto (4,2 % chacun).Et ce n'est pas fini! Le rapport Cyclope, une référence en la matière, prévoit une année 2008 "erratique et imprévisible" pour le pétrole mais aussi pour les métaux qui devraient rester "au plus haut". Une analyse partagée par le gérant britannique pour qui "il reste un énorme potentiel de croissance", tirée notamment par la Chine. "La demande explose face à une offre peu flexible, qui n'arrive plus à suivre", souligne le gérant. Tous les sous-jacents sont concernés: énergie, métaux de base, métaux précieux, chimie, céréales... "L'intérêt est de pouvoir jongler entre ces différents sous-jacents", explique le gérant qui surpondère les métaux industriels, indispensables au développement des pays émergents, les métaux précieux, valeurs refuge face aux récentes poussées inflationnistes, et les produits céréaliers. "Toutes les trois secondes, une bouche de plus à nourrir vient au monde", sourit Jonathan Blake, qui rappelle qu'un rapport récent des Nations-Unis prévoit une population mondiale de 7,5 milliards de personne à l'horizon 2020.Si le fonds est encore engagé à plus de 40% dans l'énergie, le gérant compte bientôt abaisser ce secteur, comme celui des produits chimiques. "Il reste encore des capacité de production à la hausse pour le pétrole", assure-t-il. Les paris de Barings: Potash Corp, Petrobas, Gazprom, Rio Tinto ou bien encore Marathon. Mais le gérant prévient: "Si la demande va demeurer élevée face à une offre moins élastique, il y aura de la volatilité sur cette classe d'actifs", sur laquelle jouent les financièrs. D'où l'intérêt du fonds qui permet une dissémination du risque sur un large éventail de sous-jacents.