La France a été durement rattrapée par la crise économique au quatrième trimestre 2008 Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 1,2 % en volume, a annoncé, dès jeudi 12 février, l'Insee après la rupture d'embargo décidée par le comité de défense de la statistique publique (CDSP) hostile à la délocalisation d'une partie de la profession à Metz. Ce chiffre de - 1,2% n'est pas seulement "très mauvais", comme la ministre de l'économie, Christine Lagarde, l'avait relevé mercredi sur Canal+, , il est historique : il faut remonter au quatrième trimestre de 1974 (-1,6 %) pour trouver un décrochage comparable par sa brutalité. Sur l'ensemble de l'année 2008, le PIB n'aura finalement augmenté que de 0,7 % après + 2,1 % en 2007. Le ralentissement est donc net et va continuer : avec un acquis de croissance négatif de - 0,9 % à la fin 2008, l'année 2009 a mal commencé. Dans un communiqué publié jeudi soir, Mme Lagarde en a immédiatement tiré les conséquences : "L'activité en France devrait être inférieure à - 1 %" , a-t-elle estimé, révisant ainsi de manière draconienne sa prévision de croissance pour 2009 (+0,2 % à +0,5 %). La ministre détaillera ses nouvelles hypothèses macroéconomiques en mars. Mais elle a d'ores et déjà admis, après la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et nombre de conjoncturistes, que la récession de 2009 sera d'une ampleur supérieure à celle de 1993 (- 0,9 %) et celle de 1975 (- 1 %) consécutive à la première crise pétrolière. Comme toutes les enquêtes sur le climat des affaires et tous les indicateurs d'activité le laissaient prévoir, le décrochage du PIB depuis octobre a été violent. Ce constat vaut particulièrement pour l'industrie. L'activité industrielle (hors énergie et agro-alimentaire) a reculé de 8,6 % au quatième trimestre 2008, par rapport aux trois mois précédents. Dans l'industrie automobile, qui a entraîné dans son sillage une partie de la production de biens intermédiaires, la chute, spectaculaire, a atteint 32,5 %. Le déstockage massif auquel ont procédé les entreprises depuis octobre a contribué à la contraction de l'activité à hauteur de 0,2 point et la chute du commerce extérieur pour 0,3 point sur l'ensemble de l'année 2008. L'investissement des ménages a baissé et celui des entreprises a nettement ralenti. La consommation des ménages a mieux résisté : en hausse de 0,5 % au quatrième trimestre, elle a décéléré sans s'effondrer. "Au vu des enquêtes déjà disponibles pour janvier, indique Eric Dubois, responsable du département conjoncture de l'Insee, le PIB devrait continuer à se contracter au premier trimestre." Dans ce sombre panorama, quelques "petits signes" positifs peuvent être mentionnés. Les différents indicateurs de conjonctures publiés en janvier restent mauvais, mais ils ne traduisent pas de nouvelle détérioration, fait valoir M. Dubois. Son collègue de COE-Rexecode, Denis Ferrand, relève que les conditions de crédit ont cessé de se durcir. Il note la stabilisation du cours des matières premières, la poursuite de la détente des taux d'intérêt et le fait que les taux de fret maritime sont repartis à la hausse. "Le climat reste très noir mais il ne semble plus se dégrader. Il est possible que nous ayons passé le pic du stress financier", résume-t-il. Compte tenu de l'ensemble de ces paramètres, aucun rebond n'est à attendre avant, au mieux, le deuxième semestre 2009. La mise en œuvre du plan de relance de Barack Obama aux Etats-Unis et les actions des banques centrales en faveur d'un assouplissement du crédit pourraient, observe M. Dubois, aider à la reprise. La Réserve fédérale américaine s'est lancée dans l'achat de billets de trésorerie des entreprises et la Banque centrale européenne (BCE) y réfléchit.