Les pays pauvres commencent à ressentir les effets de la récession financière mondiale. Ceux-ci, n'ont pas les moyens de mettre en œuvre des plans de relance semblables à ceux des pays développés. Dans ce contexte, la banque mondiale vient de lancer un appel au monde, dans le cadre de la tenue du forum de Davos, à allouer 0,7% de leurs plans de relance à un " Fonds vulnérabilité " destiné aux pays en développement. Ce Fonds vulnérabilité pourrait aider les pays en développement en finançant des investissements dans des domaines essentiels tels que l'infrastructure, les filets de sécurité, le financement des petites et moyennes entreprises. " Cette somme (0,7% du plan de relance de chacun des pays développés) représente seulement une toute petite fraction des centaines de milliards consacrés au renflouement des banques. Elle pourrait cependant constituer une aide significative pour les centaines de millions de personnes qui sont les victimes d'une crise dont elles ne sont pas responsables ", souligne M. Zoellick dans un article publié dans le Financial Times (a) du 25 janvier. Financer un fonds de ce type peut, en effet, aider à limiter la gravité et la durée de la récession internationale, éviter qu'elle ne donne lieu à des troubles sociaux et empêcher qu'une génération ne tombe à nouveau dans le piège de la pauvreté. Des Etats-Unis au Japon, les pays riches mettent en œuvre d'importants plans de relance pour lutter contre le tsunami financier. Mais les pays les moins développés n'ont pas les moyens de recourir à cette solution. L'Afrique, tout d'abord épargnée par les conséquences des faillites bancaires, se trouve désormais confrontée à une baisse des flux de capitaux, à un ralentissement des envois de fonds, à la stagnation de l'aide extérieure et à la chute des prix des produits de base et des revenus de l'exportation. Ce continent va très probablement connaître une décélération de sa croissance. Cette dernière aura des conséquences sur le développement humain. Selon les chercheurs du Groupe des perspectives de développement de la Banque mondiale, la baisse " sans précédent " de la production mondiale et le déclin de 5% du PNB mondial au quatrième trimestre 2008 annoncent une chute prononcée du PNB en 2009, même si l'on assiste à une reprise modeste durant la deuxième moitié de l'année. Les chercheurs indiquent qu'on assiste actuellement à une contraction des volumes du commerce mondial qui devraient diminuer en 2009, ce qui ne s'était pas produit depuis 27 ans. La croissance de l'investissement dans le monde en développement devrait retomber à 3,5 % en 2009 (contre 13% en 2007) du fait du resserrement des conditions de crédit et d'une plus grande frilosité face au risque. Le taux de chômage mondial pourrait en outre s'élever jusqu'à 7,1% (à savoir 1,4% de plus qu'en 2007) et atteindre 7,9% dans les économies développées et l'Union européenne, selon le nouveau rapport de l'Organisation internationale du travail. Le rapport indique que dans le pire des cas, cela se traduirait par une perte de 51 millions d'emplois. Tandis que dans de nombreux pays développés, les pertes d'emplois s'accélèrent (70 000 suppressions de postes ont ainsi été annoncées par plusieurs grandes sociétés au cours de la seule journée de lundi), les pays en développement subissent eux aussi les effets de la crise. En République démocratique du Congo, 300 000 emplois ont été supprimés dans le secteur minier, selon les estimations. Le Brésil a perdu 654 000 emplois en décembre. La Chine, qui compte mettre en place un plan de relance de 586 milliards de dollars, pourrait perdre des millions d'emplois cette année. Adnane Cherih