Le Forum 2009 de Davos a refermé ses portes dimanche à la mi-journée. Mais le bel unanimisme des participants contre le protectionnisme cache néanmoins bien des dissensions. Mieux réguler le système financier, coordonner les plans de relance à l'échelle mondiale et surtout ne pas mettre le doigt dans l'engrenage du protectionnisme. Ce sont là les trois idées-forces que l'on a pu entendre à Davos. Des grandes idées, mais pas de véritable plan pour les mettre en œuvre. Ce bel unanimisme cache bien des dissensions, ce qui n'est pas pour rassurer les chefs d'entreprise qui espéraient quitter la station suisse de sports d'hiver avec des idées claires sur la feuille de route des Etats. Face à une crise qui menace la mondialisation tant célébrée à Davos, présidents, ministres et patrons ont eu du mal à cacher leur désarroi à l'issu de ce Forum. En effet, sans rapport avec la crise financière, la seule image qui risque de rester de ce Forum est celle du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, quittant en colère, devant des centaines de personnes, un débat houleux avec le président israélien Shimon Peres sur le conflit de Gaza. Alors qu'ils étaient attendus sur problèmes de fond générés par la crise économique mondiale et les solutions à apporter pour y remédier, les participants au forum se sont contentés de s'inquiéter de l'avenir du libre-échange, rendu incertain par la hausse du chômage, l'instabilité financière et la récession. Pour les dirigeants politiques réunis à Davos, le coupable est tout désigné. Il s'agit du protectionnisme. D'ailleurs, ils ont insisté sur la nécessité de boucler les négociations de Doha sur le libre-échange afin de lutter contre les tentations protectionnistes face à la crise économique mondiale. "Nous combattrons résolument le protectionnisme", a assuré le Premier ministre japonais Taro Aso, tandis que son homologue britannique appelait à la coopération comme seule solution. "Ce n'est pas comme (la crise dans) les années 1930. Le monde peut se rassembler. C'est une crise mondiale du système bancaire et vous devez la gérer comme telle", a lancé M. Brown. "Le commerce est déjà une victime de cette crise. Nous assistons à une très forte baisse des échanges commerciaux, ce qui a pour conséquence de créer du chômage", a observé de son côté le directeur général de l'OMC, M. Pascal Lamy, constatant que le fossé restait trop profond pour boucler les négociations de Doha. En faisant une fixation sur le protectionnisme, les participants au Forum se devaient de méditer les propos du ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim, pourtant fervent partisan d'une plus grande libéralisation du commerce, qui a déclaré qu'en période de crise, "l'instinct n'est pas en faveur du libre-échange mais du protectionnisme". Tout porte à croire donc que le seul bilan positif de ce Forum 2009 soit le bilan sécuritaire. En effet, les autorités de Davos, la police et l'armée tirent un bilan positif du Forum de Davos. Aucun incident majeur n'est survenu. Il n'y a eu aucune arrestation, indique la police. Il faut dire que malgré les manifestations qui se sont déroulées à Genève, la contestation s'est exprimée à des milliers de kilomètres de Davos (au Brésil, au cœur de l'Amazonie). Une nouvelle étape pour les altermondialistes qui, à la faveur de la crise économique mondiale, tentent de relancer leur mobilisation anticapitaliste. Rachid N.