Les importations de l'Algérie en blé ont atteint un record historique de 6,35 millions de tonnes en 2008 contre seulement 4,85 millions de tonnes en 2007. C'est ce que révèlent les dernières statistiques établies par Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Ces importations ont coûté à l'Etat un montant colossal de 3,12 milliards de dollars, contre 1,39 milliard de dollars en 2007. L'Algérie est classée actuellement quatrième importateur mondial de blé, après l'ensemble des pays de l'Union européenne, le Brésil et l'Egypte. Les importations algériennes de blé ont largement dépassé les prévisions du Conseil international des céréales (CIC) qui tablait sur des importations de l'ordre de 5,6 millions de tonnes à la fin de 2008. Cette hausse, qui grève lourdement le budget de l'Etat, est le fait de la mauvaise récolte céréalière durant la campagne 2007-2008. Affectée par la sécheresse, la production nationale en céréales n'a pas excédé 2,1 millions de tonnes, contre 4,1 millions de tonnes récoltées durant la compagne précédente. " La baisse est très importante par rapport aux quatre dernières années, où la production avait dépassé 4 millions de tonnes par an ", selon le directeur de la régulation et du développement des produits céréaliers, Ammar Assabah, suite à l'annonce des résultats de la campagne moisson-battage. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les dernières intempéries ont endommagé des milliers d'hectares de superficies céréalière. Ainsi, le déficit de la production nationale ne peut être comblé que par le recours impératif à l'augmentation des importations, notamment en blé, afin de répondre aux besoins du marché local estimés à plus de 8 millions de tonnes par an pour une consommation moyenne annuelle de 200 kilogrammes par habitant. En d'autres termes, l'Algérie demeure un gros importateur de blé. Les importations de céréales fournissent 60% de la ration calorique, source essentielle de l'énergie alimentaire. En Méditerranée, l'Algérie est, selon la FAO, le pays qui dépend le plus des importations pour assurer ses besoins alimentaires. Le Maroc et la Tunisie s'en sortent mieux que nous. La Tunisie n'importe que 15% de ses besoins en céréales. L'Algérie, pays semi-aride, connaît également un grave déficit en terres cultivables. La dotation foncière est de 0,23 ha par habitant, là où il faut en moyenne 0,6 ha pour nourrir la population. L'agriculture est dans l'incapacité structurelle de fournir les denrées nécessaires à l'alimentation des populations. C'est une réalité qu'on ne peut occulter. Outre le blé, qui occupe la quasi-totalité des importations céréalières du pays, l'Algérie continue d'importer des quantités conséquentes en maïs, utilisées principalement dans l'alimentation du bétail. En 2008, le volume acheté auprès des marchés mondiaux a atteint 2,14 millions de tonnes pour 655 millions de dollars, contre 2,28 millions de tonnes pour 517 millions de dollars 2007. La facture céréalière globale de l'Algérie a clôturé l'année 2008 avec 3,96 milliards de dollars, contre 1,97 milliard de dollars en 2007, soit une hausse de plus de 100,6 %. Des chiffres qui donnent le tournis, surtout quand on sait que les prix du pétrole, principal pourvoyeur de devises en Algérie, ne cessent de chuter.