A travers les pays maghrébins, le financement des petites et moyennes entreprises est émaillé par des carences qui ne sont pas des moindres. C'est ce qui ressort d'une analyse qui vient d'être faite par Guillaume Almeras, analyste et conseiller aux affaires économiques après un séjour en Tunisie. Dans son étude intitulée "Du coût du non Maghreb au Tigre nord-africain", le spécialiste en question estime que "les prêts et les investissements internationaux, publics ou privés privilégient dans le secteur privé les grandes entreprises plutôt que les PME ce qui a pour conséquence que l'essentiel de la croissance présente et à venir de la région du Maghreb est délaissé par les circuits de financement". Ceci n'est pas moins vrai lorsque l'on sait que le secteur de la PME/PMI est le moteur de la croissance dans les économies développées. Toutefois, cette étude n'est pas tout à fait pertinente concernant le cas de l'Algérie. En effet, Guillaume Almeras affirme qu' "en Algérie, c'est l'échec total, les banques publiques sont gérées par des réglementations qui ne correspondent pas aux normes internationales et elles ne sont même pas encore prêtes à accompagner le développement du pays. Elles prêtent essentiellement aux entreprises publiques. Cette politique protectionniste a servi quand même à nous protéger de la crise financière". Ainsi, cette affirmation est entièrement en contradiction avec la réalité de terrain en Algérie, sachant qu'aux dernières statistiques sur les crédits à l'économie en Algérie, les bilans font ressortir que 60% des crédits octroyés par les banques aux entreprises économiques reviennent au secteur privé, alors que le secteur public ne reçoit que 40%. Ce qui fait que sur un total de crédits alloués ayant atteint les 2 100 milliards de dinars, le secteur privé a reçu pas moins de 1 200 milliards à la fin de l'année 2007. En outre, dans sa vision générale sur le marché maghrébin, le spécialiste en question estime que "le marché ne permettant pas une grande visibilité quant aux risques, les banques prêtent mal ou prêtent peu, ont des résultats relativement faibles, sont peu capitalisées et ont peu de moyens pour prêter". Avant de suggérer que, pour s'en sortir, il faut "ou bien que les entreprises puissent jouer le jeu, à condition d'en avoir les moyens, ce qui implique des garanties à proposer, soit qu'elles apprennent à vivre sans banques". Au chapitre des recommandations qu'il a préconisées pour booster le secteur de la PME/PMI dans la région du Maghreb, Guillaume Almeras estime qu'"il faudrait aller vers des besoins beaucoup plus simples des entreprises, notamment le réescompte". En Tunisie, il existe beaucoup d'entreprises exportatrices lesquelles sont appelées à se développer encore plus. Ces entreprises portent un risque de paiement sur des grands donneurs d'ordre et notamment européens ; dans cette situation, on peut prendre le risque escompte et refinancer. A ce moment-là, il faudrait créer des mécanismes de réescompte qui n'existent malheureusement pas dans la plupart des pays émergents. On pourrait imaginer également que les concours en cofinancement de la BFPME aillent directement vers le concours du prêt subordonné, c'est-à-dire vers le crédit capital. Il faudrait, à partir du moment où l'établissement existe, lui dessiner une stratégie très précise.