A la lumière de l'impact des subprimes, les économistes de tous bords se penchent sur la problématique de l'endettement ou plutôt du surendettement des ménages. Dans les pays du Maghreb, et sur fond de développement du crédit à la consommation, on prend peu à peu conscience du danger induit par le surendettement des ménages. La question a d'ailleurs été soulevée mardi dernier par Abdelmalek Serraï au cours de son passage au Forum d'El Moudjahid. Le constat est sans appel : 38% des jeunes endettés se déclarent incapables de faire face au remboursement. Il a affirmé qu'il y a actuellement 12 formules de crédit. Face à la profusion de l'offre et la multiplication des demandes, le montant des prêts comme celui des emprunteurs augmentent considérablement, ce qui engendre inéluctablement l'accroissement des difficultés de remboursement. Concurrence oblige, " les banques ne donnent aucun délai aux clients pour décider et réfléchir avant d'emprunter”, explique t-il. Cette situation est à double tranchant pour les banques: d'un côté, les emprunteurs augmentent rapidement et de l'autre, les risques d'impayés s'accroissent". " Le ratio du crédit dans le secteur privé était de 17,6% en 2004. Il est passé à 23,3% en 2008". En Tunisie, c'est la prudence. En dépit d'une tendance naturelle à la surconsommation et le recours à l'endettement auprès des proches d'abord et des banques ensuite, le Tunisien reste raisonnable. Les taux officiels de l'endettement des ménages se situent à moins de 20%. Si on en déduit la part consacrée au logement et aux voitures, ils seront significativement plus bas. Quant aux incidents de remboursement, ils restent confinés dans des proportions très raisonnables. Au Maroc et selon le rapport de Bank Al-Maghrib le crédit à la consommation a occupé une place croissante dans l'endettement des ménages. La bonne tenue de la consommation des ménages, une concurrence accrue entre les établissements de crédit, la diversification de la gamme de produits et services proposés et la baisse des taux d'intérêt sont autant de facteurs ayant favorisé cet essor. En 2007, l'encours des crédits à la consommation s'est accru de 37 % à 59 milliards de dirhams, contre 20% en 2006, représentant ainsi 13 % du total des crédits à la clientèle des établissements de crédit. L'endettement des ménages demeure dominé au Maroc par les crédits à l'habitat dont la part s'est établie à 55%, contre 57% en 2006, alors que la part des crédits à la consommation représente 38%, en augmentation d'un point par rapport à 2006. L'analyse affinée montre que moins on gagne, plus on s'endette. Les Marocains dont le revenu est inférieur à 4.000 dirhams ont concentré près de 48 % des encours au crédit à la consommation au cours de l'exercice précédent. Les salariés et les fonctionnaires ont représenté 87 % des bénéficiaires du crédit à la consommation, contre 4% pour les artisans et commerçants et 3% pour les professions libérales. Les retraités, quant à eux, ont disposé de 6 %, sans changement par rapport à 2006. Le taux de créances en souffrance est de 15 % pour la tranche de revenus inférieurs à 3.000 dirhams et de 12 % pour les personnes dont le revenu est supérieur à 20.000 dirhams. Quant au taux de pénétration du crédit à la consommation, il a atteint son niveau maximum, soit 38% chez les personnes dont la tranche d'âge est comprise entre 40 et 49 ans, mais en baisse de 3 points par rapport à 2006. En effet, près de 36 % de l'encours est concentré dans la tranche d'âge de 40 à 49 ans et 33% chez les personnes âgées de 50 ans et plus. Synthèse Isma B.