"Nous sommes ravis que le processus avance et que les Américains soient sur le point d'obtenir un plan qui créera des millions d'emplois et redonnera du travail", s'est réjoui Robert Gibbs, porte-parole de la présidence des Etats-Unis.Les sénateurs américains sont arrivé vendredi à un compromis qui fixe à 780 milliards de dollars le montant du plan de relance de l'économie que Barack Obama entend promulguer au plus tard le 16 février. Les élus démocrates ont annoncé que le vote, très attendu tant par la Maison blanche que par les partenaires commerciaux de Washington, aurait lieu mardi. Le département du Travail a fait savoir vendredi que près de 600.000 suppressions d'emplois avaient été enregistrées en janvier aux Etats-Unis, dont l'économie fait face à une crise sans précédent depuis 70 ans. Pour emporter l'adhésion d'un nombre suffisant d'élus républicains et éviter que le débat ne s'éternise, le groupe démocrate a accepté d'amputer de plus de 150 milliards de dollars un projet dont le coût n'a cessé d'augmenter au fil des négociations, entamées il y a cinq jours, pour atteindre 937 milliards. "Nous avons un accord", s'est exclamé le sénateur Sherrod Brown, à l'issue d'une réunion du groupe démocrate autour du compromis élaboré par une poignée de médiateurs des deux camps. "Nous avons taillé dans le gras, fait fondre le lard et trait la vache sacrée", a quant à lui plaisanté Ben Nelson, l'un des chefs de file de la majorité. Selon John Kerry, sénateur démocrate du Massachusetts, 42% du montant total seront consacrés à des réductions d'impôts et 58% à des investissements publics. "C'est un bon équilibre", s'est-il félicité. Max Baucus, président de la commission des Finances, a par ailleurs assuré que le texte serait adopté avec l'appui de trois ou quatre sénateurs républicains. La majorité tablait sur une adoption dès vendredi, mais les républicains ont réclamé davantage de temps pour prendre connaissance du compromis. Le débat se poursuivra dont samedi et lundi et le vote devrait avoir lieu mardi vers midi, selon Harry Reid, chef de file du groupe démocrate, qui s'est dit convaincu de l'adoption du plan. Si tel est le cas, une commission mixte devra ensuite gommer les différences avec la version adoptée la semaine dernière à la Chambre des représentants sans le moindre suffrage républicain, évaluée à 819 milliards de dollars, avant de remettre le texte au président en vue de sa promulgation. Obama avait déclaré jeudi soir qu'il accepterait un coût tournant autour de 800 milliards de dollars. L'accord conclu au Sénat constitue certes une victoire pour le nouveau locataire de la Maison blanche, mais le consensus attendu n'est pas au rendez-vous. Obama s'est d'ailleurs indigné vendredi de la lenteur des débats. "Il est inexcusable et irresponsable de rester enlisé dans les circonvolutions et les retards pendant que des millions d'Américains sont privés d'emploi", a-t-il déploré. Les opposants au projet réclamaient moins d'investissements publics et davantage de baisses d'impôts. Selon Kent Conrad, les crédits d'impôts pour l'acquisition de logements et de véhicules ont été conservés dans le compromis de 780 milliards, mais les projets de construction dans le système scolaire ont été abandonnés. Le sénateur démocrate du Dakota du Nord a en outre indiqué que 80% du montant seraient alloués dans les deux premières années, alors qu'Obama avait parlé de 75%. John McCain, candidat républicain à la présidentielle de novembre, a déploré l'empressement démocrate. "Ils adoptent une approche très partisane face au plus grand défi que nous ayons à relever", a-t-il regretté. Sur le front financier de la crise, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner détaillera lundi à midi, soit à 17h00 GMT la manière dont le nouveau gouvernement entend affecter la deuxième moitié des 700 milliards de dollars du plan de sauvetage des banques élaboré par son prédécesseur républicain Henry Paulson. Selon une source proche du dossier, une centaine de milliards ira au rachat ou au réaménagement des crédits immobiliers de ménages en difficulté et le reste permettra de racheter ou de garantir certains actifs bancaires. M.L.