Pendant que le Trésor présentait son nouveau plan d'aide au système financier, le Sénat américain a adopté, mardi 10 février, un plan de relance d'un montant de 838 milliards de dollars.Depuis son élection, Barack Obama s'est démené pour convaincre les sénateurs des deux bords d'accepter sa feuille de route pour relancer l'économie. Le président américain s'est félicité du vote du Sénat. "C'est une bonne nouvelle, c'est une bonne nouvelle", a-t-il répété, rappelant néanmoins qu'il "faut encore que nous réconcilions le texte de la Chambre et le texte du Sénat […]. Nous avons encore un peu de travail à faire mais c'est un bon début". M. Obama n'a pas ménagé ses efforts pour faire passer ces mesures, prédisant une "catastrophe" encore plus grave pour l'économie si elles n'étaient pas mises en œuvre immédiatement. Comme pour illustrer son propos, General Motors, le premier constructeur automobile national, a annoncé 10 000 suppressions de postes cette année. Mais même si le plan adopté par les sénateurs ne diffère pas énormément par rapport à celui voté par la chambre basse (838 milliards contre 819,5 milliards, selon les documents du bureau du budget du Congrès), il introduit des modifications majeures : les secteurs où les divergences sont les plus marquées, avec une différence de plus de 25 milliards, concernent la santé, le travail, l'éducation et les ressources humaines. Le Sénat alloue 66,8 milliards de dollars à ces secteurs, contre 92,3 milliards pour la Chambre des représentants, qui souhaite notamment 20 milliards de dollars pour rénover et moderniser les écoles, ce qui ne figure pas dans le plan des sénateurs. Autre différence : le plan des sénateurs prévoit 292,5 milliards de dollars de recettes en moins pour l'Etat fédéral après les allègements fiscaux, contre 182,3 milliards pour celui des représentants. Les dépenses s'élèvent à 545,6 milliards au Sénat. Elles sont de 637,3 milliards à la Chambre des représentants. Elle prévoit en outre 17 milliards de dépenses directes pour fournir une couverture médicale aux chômeurs et 89 milliards pour le système Medicaid, la couverture santé des plus démunis. Le plan d'assainissement financier de M. Geithner, lui, se développe en trois grandes directions : - apurement des bilans des banques par le rapatriement de leurs actifs "toxiques" invendables dans une structure de défaisance à laquelle le secteur privé est appelé à participer amplement. - apport de liquidités pour reconstituer les fonds propres des banques et leur permettre de relancer l'accès au crédit. - mesures de soutien direct pour réduire largement le nombre des divers emprunteurs insolvables (hypothécaires pour les deux-tiers, cartes de crédit, éducation, achat de véhicules…), qui atteint désormais près de 4 millions. Toute banque ou institution financière soutenue par l'Etat devra par exemple montrer comment elle entend desserrer le crédit et s'engager au préalable dans un programme de soutien aux emprunteurs insolvables. Ses engagements devront être accessibles sur internet. Elle devra se soumettre dans ses activités de marché à de nouvelles normes d'estimation du risque, définies par le régulateur. Elle ne versera pas de dividende tant qu'elle n'aura pas remboursé l'aide publique. Devant les sénateurs, dans l'après-midi, M. Geithner a souligné que, face à une crise d'un caractère "nouveau" et d'une dimension galopante, son plan serait amené à être régulièrement adapté. "Il coûtera cher, inclura des risques et prendra du temps", a-t-il insisté. Il a prévenu les sénateurs qu'il pourrait être amené à se représenter devant eux pour leur demander "des ressources supplémentaires". Reste que la confiance - celle de l'opinion et celle de la bourse - sont en berne. La première est abasourdie par les sommes à douze zéro dont on l'abreuve tout en lui disant que les effets ne seront pas immédiats. Les marchés ont peu apprécié les contrôles imposés.Wall Street a mal réagi, perdant 4,6%. R.I.