Les révisions continues et spectaculaires des derniers mois soulignent la faiblesse extrême de l'économie mondiale. Le ralentissement de l'activité industrielle et de la consommation est la retombée inévitable du chaos financier, a estimé l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son dernier rapport, publié hier. Un rapport dans lequel l'AIE a de nouveau revu à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole de plus d'un demi-million de barils par jour cette année, un déclin record depuis 1982. Cette dernière prévoit à présent une demande en baisse de 980.000 barils par jour (bpj) en 2009, à 84,7 millions bpj, alors qu'elle anticipait auparavant une diminution de 500.000 bpj. L'AIE observe par ailleurs que cette toute récente réduction de la demande prévue ne sera peut-être pas la dernière. "Globalement, 2009 sera apparemment une année vraiment faible", a dit à Reuters David Fyfe, patron de la division Marchés et Industrie pétrolière de l'AIE. Ces prévisions interviennent, selon l'AIE, à la suite de la nouvelle baisse de la prévision de croissance mondiale du Fonds monétaire international (FMI) pour cette année, de 0,5% contre 2,2% auparavant. La demande pétrolière mondiale est dorénavant attendue en baisse de 1,4 million bpj par rapport à 2007, avant la flambée du baril et ensuite son rétrogradage brutal dans la foulée de la récession mondiale. Le mois dernier, l'agence, qui défend les intérêts énergétiques des pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) avait déjà annoncé la plus forte révision de sa prévision de demande en un mois depuis 12 ans (-1 mbj). La baisse de la prévision 2009 provient surtout d'une moindre demande attendue en Asie et en Russie. La croissance de la demande chinoise devrait être cinq fois plus faible qu'au cours des années récentes. L'Agence remarque aussi que la croissance future de l'offre pétrolière est remise en cause par la chute des cours, et les taux d'épuisement des gisements matures risquent de s'accélérer si le baril reste à 40 dollars. Dans la mesure où la demande a chuté, les stocks de l'OCDE sont restés à un niveau élevé. Ils représentaient fin décembre 57 jours de couverture contre 56,4 fin novembre. De son côté, l'offre mondiale a reculé de 520.000 barils par jour, à 85,2 mbj, principalement à cause de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'offre a chuté de près de 1 mbj en janvier à 29 mbj, son niveau le plus bas depuis 5 ans. La capacité de production excédentaire de l'Opep est à présent de 4,4 mbj, au plus haut depuis 5 ans. Toutefois, poursuit l'AIE, si l'Opep parvient à exécuter intégralement les dernières réductions de production décidées, l'offre sera inférieure de 1,5 million bpj à sa projection de la demande pour le pétrole de l'organisation cette année. "Cela implique un retrait significatif sur les stocks en cours d'année à moins que la demande ne baisse encore ou que l'offre non-Opep se révèle plus abondante que prévu", explique-t-elle. Par ailleurs, l'AIE avertit contre le déclin des investissements pétroliers provoqué par la chute des cours du brut, qui pourrait "déstabiliser à nouveau l'économie mondiale" lorsque la reprise sera là. L'arrêt ou le report de projets d'extraction est "très répandu, en Arabie comme en Russie ou au Canada", poursuit M. Fyfe, même si ces retards d'investissements se feront surtout sentir d'ici à 2012-2013. Synthèse Yacine B.