"Le protectionnisme peut revenir par la porte de derrière, en particulier dans le secteur bancaire", a relevé M. Strauss-Kahn, en soulignant ne pas croire au retour de manifestations plus traditionnelles de cette pratique, comme l'imposition de droits de douanes élevés sur les produits importés.Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a mis en garde jeudi à Washington contre un retour en catimini du protectionnisme, notamment dans le secteur bancaire. Mais dans le secteur financier, "quand les gouvernements fournissent des ressources nouvelles ou recapitalisent des banques, ils peuvent ajouter un commentaire disant que cet argent doit rester à la maison", a souligné M. Strauss-Kahn, dans un communiqué diffusé par ses services. "Ou bien, vous pouvez avoir dans différents plans de relance des commentaires ou amendements disant que cet argent devrait aussi être utilisé pour acheter des produits nationaux et d'autres choses de ce type. Cette sorte de protectionnisme peut revenir", a ajouté l'ancien ministre français socialiste. De son côté, le ministre japonais des Finances, Shoichi Nakagawa, a estimé que le protectionnisme était "le mal absolu" et devait être combattu "quel que soit le prix", vendredi avant de s'envoler pour Rome où il participera ce weekend, avec M. Strauss-Kahn, à une réunion avec ses homologues du G7. "Que les Etats-Unis et l'Europe, qui demandaient au Japon de se libéraliser, en reviennent au protectionnisme, c'est là le mal absolu", s'est emporté M. Nakagawa devant les journalistes. "Nous devons stopper cette tendance, le Japon doit adopter une position ferme contre cela", a-t-il ajouté. La France a été particulièrement critiquée ces derniers jours sur la scène européenne pour avoir apporté une aide financière à ses constructeurs automobiles, en échange de la promesse que ceux-ci ne délocaliseraient pas. Le Congrès des Etats-Unis a récemment proposé d'inclure une clause "Buy American" ("Achetez américain") dans un plan de relance actuellement débattu, ce qui a déclenché de nombreuses protestations à travers le monde. "Le protectionnisme peut faire du bien à un pays en particulier, mais il est nuisible pour le monde dans son ensemble", a averti M. Nakagawa. M. Strauss-Kahn a également souligné que face à une crise mondiale, il n'y avait pas de solutions nationales: "nous devons trouver un réponse globale", a-t-il dit. Le patron du FMI a par ailleurs exhorté les pays développés à mettre en oeuvre les plans de relance qu'ils ont généralement annoncés. Les effets dévastateurs de la crise sur les économies réelles, "pour l'essentiel, sont encore à venir", a-t-il relevé. "2009 sera certainement une année plutôt mauvaise pour la croissance, pas seulement pour les économies avancées, mais aussi pour les économies en émergence", a-t-il noté. M.L.