Les défis socioéconomiques lancés par l'Algérie requièrent le précieux concours de toutes les compétences et de toutes les aptitudes. Il est souhaitable, cependant, d'utiliser cette lumière intellectuelle au profit de la mère patrie, sans toutefois perdre de vue le choix qui a été fait par ces compétences d'évoluer sous d'autres cieux. C'est le message du diplomate algérien, Missoum Sbih, adressé, vendredi, de Paris, à l'occasion d'une réunion du Réseau des étudiants algériens diplômés des grandes écoles françaises (Reage), intitulée "La nouvelle économie algérienne", à l'élite algérienne établie à l'étranger. Ces derniers, doivent, selon l'ambassadeur d'Algérie en France mettre leurs savoir-faire et leurs expériences au service du développement national. Le gouvernement algérien ne cesse, faut-il le dire, lorsque l'occasion se présente, de faire des appels du pied à la communauté algérienne établie à l'étranger afin qu'elle s'implique dans les projets de développement au même titre que les opérateurs étrangers. Qu'il s'agisse du Président lui-même, ou des ministres, tous ont adressés des appels au retour à la diaspora algérienne. "Nous appelons notre communauté à l'étranger, où qu'elle se trouve, à contribuer avec les compatriotes dans le pays aux projets d'urbanisme, de modernisation et d'investissements utiles générateurs de richesses à la fois scientifiques et matérielles", disait alors le président Bouteflika dans l'une de ses allocutions prononcée à l'occasion. Des avantages concrets et des conditions de travail décentes sont assurés à ces élites. Pour le diplomate algérien, trois axes feront le développement de l'économie algérienne. Le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l'amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et le développement des IDE et enfin la réalisation d'analyses et d'études pouvant assurer l'essor du pays dans tous les domaines. Pour lui, le Reage peut devenir une plate-forme de rencontres et d'échange d'informations pour les opérateurs algériens et français, un vecteur de création d'entreprises et de partenariat et un vivier de talents et de compétences pouvant aider l'Algérie à devenir un pays émergent. Economie informelle, foncier cher… Intervenant dans le cadre du Réseau des étudiants algériens diplômés des grandes écoles françaises (Reage), le chef de la mission économique française en Algérie, Marc Bouteiller, a situé les facteurs restrictifs dans le système financier national, l'économie informelle, la faiblesse de la ressource humaine et le foncier qui reste cher et inaccessible. De son côté, le président de la Caci a surtout souligné la méconnaissance de la destination Algérie par les investisseurs étrangers et "l'instabilité des textes". Il a, notamment, plaidé pour la mise en place de "joint-ventures" entre les PME/PMI nationales et des partenaires étrangers pour acquérir l'expérience et le savoir-faire nécessaires avant de se lancer dans des opérations d'externalisation. Dans cette perspective, il a évoqué les perspectives offertes aux exportateurs nationaux depuis l'adhésion du pays à l'espace arabe du libre-échange et dans le cadre des adhésions envisagées à la zone UMAO (Union des marchés ouest africains) et de l'Association de libre-échange, regroupant des pays européens et nordiques. Le président de la Caci a annoncé que "les exportations algériennes hors hydrocarbures ont atteint l'année dernière 1,8 milliard de dollars dont 80% sont à destination de l'Europe". Il a également relevé le problème de conformité des produits algériens aux normes européennes, du fait que "les PME/PMI, pour la plupart d'entre elles, ne sont pas certifiées ISO". Pour lui, la réussite des PME nationales passe par la mise à niveau et la modernisation des équipements, celle de l'encadrement et de la ressource humaine et par la mise en place de structures de promotion. Un projet de jumelage entre PME algériennes et françaises Sur les perspectives de développement, Marc Bouteiller a cité un projet de jumelage entre PME algériennes et françaises "pour conjuguer leurs efforts, leurs savoir-faire et leurs expériences afin d'aller à la conquête de marchés méditerranéen et africain". Il a également invité les jeunes diplômés à opter pour la formule "Volontariat international en entreprises" (VIE) destiné aux moins de 29 ans qui leur permet de travailler en Algérie, pour enfin décrocher, à l'issue de leur période de VIE un poste soit en Algérie ou en France. "L'Algérie est un marché stratégique pour les entreprises françaises car elle représente le premier débouché vers l'Afrique. Elle occupe la troisième place après la Chine et la Russie", a-t-il déclaré. Cette importance est reflétée par le volume des exportations françaises vers l'Algérie, qui ont plus que doublé en l'espace de sept ans. Marc Bouteiller a rappelé que la France est le premier fournisseur de l'Algérie détenant 16,5% des parts du marché, en précisant que 70% des exportations sont assurées par des PME qui représentent à elles seules plus de 2,5 milliards d'euros. Le chef de la mission économique française a en outre indiqué que la France est le second investisseur en Algérie après les Etats-Unis et le premier hors secteur hydrocarbures. "400 entreprises françaises versées dans divers secteurs sont installées en Algérie, soit trois fois plus qu'il y a quatre ans. Elles emploient près de 35.000 Algériens", a-t-il indiqué. Pour sa part, le président de la Chambre de commerce et de l'industrie de Paris (CCIP), Pierre Simon, a estimé que "l'Algérie est une destination privilégiée pour les entreprises françaises car, elle traduit d'une manière concrète des relations économiques basées sur le principe gagnant-gagnant". Le président de la CCIP a rappelé les relations "privilégiées" entretenues avec l'Algérie aussi bien à travers le programme de partenariat développé par son Ecole supérieur de commerce ESCP-EAP, en matière de formation en management et de mise à niveau des cadres d'entreprises nationales, qu'à travers les multiples participations aux foires et salons spécialisés ou de sa représentation à Alger qui apporte un appui à la formation. 400 milliards de DA pour les TIC L'autre intervention a été celle du président de l'Association algérienne des fournisseurs de services Internet (AAFSI), Ali Kahlane qui a brossé un large tableau sur la situation et les perspectives du secteur des TIC en Algérie. L'orateur a souligné la faible pénétration des TIC en Algérie, le faible taux de connections ADSL, les "résultats mitigés" de l'opération Ousratic (500 000 ordinateurs acquis sur un objectif de 6 millions projeté), le faible taux de pénétration du téléphone fixe (3 millions d'abonnés contre 25 millions d'abonnés au téléphone mobile) et la quasi-inexistence de services en ligne. Ali Kahlane a également indiqué que 3,7 millions d'Algériens utilisent Internet et qu'on dénombre 10 000 sites algériens dont environ 2.000 en ".dz". Le marché des TIC a mobilisé quelque 279 millions d'euros pour l'acquisition des équipements, 89 millions d'euros pour les logiciels et 87 autres millions pour les services. Il a également parlé du projet "e-Algérie 2012", contenant 1010 actions à lancer pour développer l'utilisation des TIC. Ce projet nécessitera, a-t-il indiqué, une enveloppe de près de 400 milliards de DA. Adnane Cherih