Double événement sur l'arène lyrique ! Behidja Rahal récidive avec en poche une nouvelle nouba, (Sika), la dix huitième enregistrée depuis la fin des années 90, et s'apprête à monter sur la scène de l'intérieur du pays. Habituée aux scènes algéroises, la chanteuse voudrait explorer d'autres arènes pour à la fois se faire connaître et faire connaître la musique arabo-andalouse dans les quatre coins du pays.L'annonce a été faite lundi dernier lors d'une conférence qu'elle a animée sur initiative de l'Office national de la culture et de l'information, (ONCI), l'organisme qui a initié également sa tournée. " C'est seulement le public de la capitale qui me connaît. Je suis heureuse maintenant de partager cette passion de la musique andalouse avec les citoyens de toute l'Algérie ", a-t-elle déclaré ajoutant que " le public fera la comparaison entre ce qu'il écoute chez lui et le chant live ". Dans cette tournée qui la conduira après son récital du 19 février à Alger, le 23 février, à Boumerdès, le 24 à Médéa, le 26 à Bordj Bou-Arréridj, le 27 à Oum El Bouaghi et le premier mars à Tipaza puis en Belgique le 13 mars, ce sont les mêmes musiciens de l'album qui l'accompagneront dans son récital. Il ne manquera que Mokrane Boussaid, alto, retenu à l'étranger. Son orchestre est composé de Nadji Hamma, luth, Mohamed El Amine Belouni, Lhadi Boukoura, alto, Nacer Rahal, alto, Mansour Brahimi, mandoline, Halim Guermi, ney, Djihad Labri, qanoun, Sofiane Bouchafa, tar et Mourad Taleb, derbouka. Le programme musical sous le signe de la nouba Sika, compte onze pièces d'une durée d'une heure. Le public pourra suivre ces morceaux chantés en parcourant le texte dans son entier, écrit en arabe et traduit en français. Connue pour être l'une des rares interprètes à avoir eu le courage de pénétrer l'univers exclusivement masculin de la musique andalouse, Behidja Rahal continue son extraordinaire aventure pour la sauvegarde du patrimoine musical classique. Ce travail entamé depuis l'année 1995, sous l'il vigilant du maître, Ahmed Serri, n'est pas encore au bout. La première nouba qu'elle a ainsi sauvée de l'oubli, elle l'a enregistrée en 1995, dans le mode Zidane. Une autre dans le mode Raml. Ce dernier qui entre dans le cadre de l'enregistrement des 12 noubate restantes -il y en avait 24 au départ-, fait partie de sa deuxième série de noubate. A l'origine, il existait 24 noubate, chacune composée dans un mode défini. Il n'en reste actuellement plus que 11 au Maroc, 16 en Algérie (dont 4 inachevées) et 13 en Tunisie. Chaque nouba correspondait à une heure de la journée et se divisait en une suite de plusieurs pièces de rythmique différente. En général, les mouvements de la nouba s'enchaînent en accélérant progressivement le tempo, jusqu'à la dernière pièce, plus lente, destinée à l'apaisement. La nouba Raml par exemple comporte huit titres, dont un istikhbar Zidane tiré de la poésie d'Ibn Zeydoun et un betaïhi Raml inédit. Il y a quelques temps, l'interprète se plaignait de la mauvaise distribution de ses albums surtout à l'intérieur du pays. Selon elle, de nombreux fans lui ont adressé des messages l'informant de la difficulté ou parfois de la non- disponibilité de ses produits chez les disquaires locaux. " La distribution est mal faite, elle devrait être nationale et pas seulement dans la capitale. Le public se trouve dans tous les coins du pays et cette musique doit être proche du peuple" avait -elle suggéré. C'est désormais chose faite ! Behidja Rahal qui était une parfaite inconnue du public au début des années 90 est devenue, moins d'une décennie plus tard, une véritable vedette de ce genre classé chez nous, " musique andalouse classique." Depuis, à chaque concert, l'interprète qui vit entre Paris et El Biar (Alger) fait le plein. D'ailleurs, la chanteuse a été classée, selon un sondage, 4e meilleure vente de disques en Algérie, derrière cheba Djenet, Bilal et un autre chanteur de raï, toutes musiques confondues. Behidja s'était réjouie en disant qu' " être classée juste après le raï, c'est qu'on a gagné quelque part. ". Yasmine Ben