Sur initiative de l'Etablissement Arts et culture, le rossignol de la musique arabo-andalouse renoue avec son public algérois le 31 juillet... «Peut-on décrire la voix qui caresse comme un souffle? Puissante, sensible, chaleureuse, intense, Nassima pourrait chanter Mozart ou Rossini», dit d'elle Jean-Louis Mingalon. Aussi, après dix années d'absence, loin de son pays, l'une des meilleures porte-voix actuelle en musique arabo-andalouse, renouera avec la scène algéroise et ira à la rencontre de son cher public longtemps, sevré de sa superbe voix pure et cristalline. Nassima, l'impératrice de la musique andalouse se produira le 31 juillet prochain à la salle Ibn Khaldoun. A cette occasion, elle interprètera son dernier disque: la nouba Sika et quelques extraits des dérivés populaires (Aroubi). Partie en 1994 en France, Nassima, malgré sa solide formation dans le domaine de la musique classique algérienne, a dû refaire et parfaire son éducation musicale en s'imprégnant d'autres musiques universelles, notamment baroques. Armée de courage, battante dans l'âme, Nassima a tout fait pour s'imposer sur la scène française en faisant ainsi découvrir au public étranger, notre belle musique savante. Après le Théâtre national de Paris où elle fera son baptême du feu, elle remporta un vif succès. «Depuis, je suis devenue une habituée des lieux», affirme, le sourire aux lèvres avec fierté, lors d'un point de presse tenu samedi matin à la salle Ibn Khaldoun. Depuis, Nassima se produit un peu partout dans le monde avec par mission de représenter dignement la musique andalouse. L'Année de l'Algérie en France a été pour elle une aubaine et une occasion pour faire connaître un peu mieux cette musique. Toutefois, précise-t-elle, «à chaque concert, je n'omets jamais de rendre hommage à mes maîtres qui m'ont tout appris, notamment Sadek Bedjaoui qui m'a conseillé pour la télé, la radio, qui m'a couvée durant toute ma carrière en Algérie, El-Hadj Hamidou Djadri, celui qui m'a repérée, Nachid Bradaï avec qui j'ai enregistré ma première nouba Zidane». Nassima n'a cessé de s'imposer à travers la scène internationale, en se produisant, outre l'Europe, dans de prestigieuses salles aux USA, en Chine, etc. «Je peux dire aujourd'hui que la musique algérienne se promène partout dans le monde. Pas seulement le raï bien qu'il nous ait ouvert les portes. Il y a une musique algérienne classique savante dans le monde», reconnaît-elle. Pionnière dans le domaine pour avoir débuté sa carrière très tôt à la fin des années 70 Nassima digne héritière de cheikha Yamna et bien d'autres, connaît aujourd'hui des émules en la personne de Behidja Rehal et Zakia Kara Torki et c'est tant mieux. Chacune de ces cantatrices a poursuivi une carrière flamboyante et a reçu un enseignement très riche à préserver jalousement. «Je suis conservatrice mais aussi ouverte à l'universalité», se plaît à dire Nassima. Pour elle, la musique andalouse peut évoluer en travaillant sur l'harmonie. Le savoir qu'elle a entre les mains et prodigué par ses maîtres est un trésor inestimable à perpétuer absolument si on veut le sauvegarder. Pour rappel, Nassima de son vrai nom, Nacéra Chaâbane, est née à Blida. A l'âge de 7 ans, elle débute au conservatoire de Blida et joue déjà au luth et à l'oud. Au cours de sa formation, elle a côtoyé les plus grands maîtres de la musique arabo-andalouse, tels que maître Dahmane Benachour qui lui a enseigné les techniques vocales pendant 8 ans. En 1974, elle rejoint la plus ancienne des associations de musique andalouse El Widadia, fondée en 1932, où elle devient rapidement chanteuse soliste. Dès 1979, elle fait une première, en se présentant avec un luth, prémices de la naissance d'une artiste confirmée. Très encouragée notamment, par Sadek El-Bedjaoui, elle enregistre pour la radio et la télé des morceaux d'anthologie. En 1989, avec sa voix de contralto, elle est la première femme à exécuter la totalité de la «Nouba Zidane», écrite pour l'orchestre symphonique. De 1987 à 1994, Nassima présente une série d'émissions à la télé, consacrée au patrimoine musical et poétique maghrébin. En 1994, elle s'installe à Paris et poursuit ainsi la sauvegarde et l'enrichissement d'une tradition orale et vivante, depuis des siècle: «la Nouba». Elle enregistre les 12, notamment la Nouba dhil qui a vu la sortie d'un CD en 1999 chez playa Sound. Nassima enchaîne les concerts, les festivals et les disques. Son talent et son sérieux lui ont valu d'être choisie comme ambassadrice de la musique andalouse pour représenter l'Algérie aux festivités culturelles à l'étranger. En plus d'être musicienne et chanteuse accomplie, Nassima donne des cours de musique andalouse. Elle est aussi mère de trois enfants, dont une fille qui joue déjà au piano et un garçon au violoncelle. Elle est en somme, une femme comblée.