Elle est de la trempe de Zakia Tara Turki ou encore des Bahdja Rahal, ces femmes qui ont osé débrider les codes lyriques qui à une époque donne permettent qu'aux hommes de toucher à la musique arabo-andalouse, considérée comme savante. Savante, le revers du profane et comme le monde fonctionne selon les codes misogynes, le " savant ", c'est l'homme. C'est plutôt une approche bourgeoise, qui fait que cette musique (andalouse), obéit à la forme définitivement figé qu'est la forme de la nouba, avec comme variante le ton qui est donné selon qu'on est issu de l'école d'Alger, de Tlemcen ou d'Oran. Elle s'appelle, Dalila Ferhi et sera ce soir à partir de 20h30 à l'affiche du théâtre de verdure, la structure que dirige l'établissement arts et culture de la wilaya d'Alger. Lors d'une conférence de presse qu'elle a animé lundi dans cet espace, la néophyte chanteuse a avoué qu'elle pratiquait cette " art par pur plaisir." La preuve c'est que sa venue sur la scène a été quelque peu tardive, puisque son défunt père l'avait exhorté de finir ses études d'abord. Deux diplômes en poche : une licence en interprétariat et une licence en science politiques, avec ça, Dalila Ferhi pouvait rejoindre sans ambages le monde lyrique qui l'a toujours fasciné, elle qui a évolué dans une famille mélomane. Le concert de ce soir fait d'ailleurs suite à la sortie fraîche de son deuxième album " Lechouaq " chez Soli Music. Avec son ticket de baccalauréat, Dalila Ferhi rejoint à l'âge de 18 ans le conservatoire d'Alger, où elle décrochera, en 1995, le premier prix. Parallèlement au conservatoire, elle intègre l'association El Fakhardjia en semi-supérieur. En 2007, elle décide de changer d'association au profit de l'association El Founoun El Djamila. Ses instruments de prédilection sont le luth et la mandoline. Une fois que la théorie est bien assimilée, la jeune chanteuse dont on a jamais entendu parler, enregistre son premier CD hawzi Salah Bey. Il s'en suivra - il y a tout juste une semaine - un deuxième opus intitulé Lechouaq. les idoles de Dalila Ferhi sont toutes des femmes et s'appellent cheikha Tetma, cheikha Yemna et Nadia Benyoucef. Pour elle la musique est un hobby et que ce n'était pas son gagne-pain. Pourquoi pas ? Puisque le répertoire qu'elle chante est tiré du patrimoine andalou, donc pas de créatif du tout, c'est du coté de ses cordes vocales que le public devra la juger, elle qui considère que sa voix est très personnelle. C'est l'une des rares fois que le public rencontrera cette chanteuse qui proposera pour le concert de ce soir, un cocktail de titres inédits, figurant dans son premier et second albums. Connaisseur ou pas, le public découvrira La Illah ouakaltou amari, un morceau enregistré en 1910 par feu Mahieddine Bachetarzi. Le deuxième album est plutôt travaillé sur des rythmes très tristes selon son auteur qui a focalisé cette œuvre sur le thème des chagrins d'amour. On y trouve un zendani dans le mode sika, tiré des traditions tlemcéniennes avec pour titre phare Ellah ya layali ou encore les pièces musicales peu connues telles que m'chamem, dont El Ferka mora ou Koulouli ouine. Dalila Ferhi, si on a bien compris tente de donner à écouter des textes inédits pas toujours explorés par ceux qui l'ont précédée sur l'arène lyrique. Par Yasmine Ben