L'idée généreuse qu'est ce chantier aussi grand que mémorable que lancent les autorités de la wilaya de Adrar afin de mettre à l'abri des intempéries et des " vices " des hommes, un patrimoine plus que séculaire. C'est dans cet esprit que la préparation d'un " catalogue national des manuscrits" est en plein élaboration. Cette élaboration se fait actuellement au niveau du Centre national du manuscrit (CNM) à Adrar, une ville du Sud connue pour ses palmeraies, ses grottes et ses sebkhas, (champs de sels) paradisiaques. La visée d'un tel projet est sans équivoque : la valorisation et la sauvegarde de ce patrimoine, selon la directrice du centre Fatiha Izebouchène. Un groupe de spécialistes du CNM a été d'ores et déjà désigné pour se charger de la réalisation de ce dit catalogue. Le fascicule qui serait un document mémoire d'une grande valeur sera mis bien entendu à la disposition des chercheurs, institutions nationales et internationales intéressés par les études sur le patrimoine, ajoute la responsable. Selon toujours cette responsable qui s'est confiée à l'APS, le CNM va procéder prochainement à la numérisation d'un fonds de 15 000 manuscrits recensés et répertoriés uniquement à travers la wilaya d'Adrar où est localisé le plus grand nombre de bibliothèques privées. Il sera ainsi procédé à une édition sur support DVD dans l'objectif d'une meilleure et efficace diffusion et vulgarisation en direction des concernés et autres spécialistes de ce riche patrimoine intellectuel, souligne la directrice du centre, Mme Izebouchène. Ces actions, inscrites dans le cadre de la préservation d'un important pan du patrimoine et de l'histoire du pays, visent à accorder toute l'importance aux manuscrits et documents anciens, longtemps délaissés et dont une grande partie a été détruite par les aléas de la nature ou ayant fait l'objet de vol ou de détournement à des fins personnelles durant la période coloniale. Des fonds complets ont été pris de force à leurs propriétaires par l'administration coloniale, a rappelé la même responsable. Une opération de recensement à travers le pays des bibliothèques privées, appelées "khizanate" figure au menu des actions que compte mener, dès cette année, le CNM pour constituer un répertoire, ajoute Mme Izebouchène. Il faut savoir que la problématique de la sauvegarde et de conservation préventive des anciens manuscrits du patrimoine national écrit, regroupés dans les vieilles "Khizanate" qui veut littéralement dire, bibliothèques traditionnelles, existe dans toute les villes du Sud algérien et a fait à plusieurs reprises l'objet des débats à Alger et ailleurs. Du reste, la valorisation des manuscrits a pour objectif de mettre en valeur les différents travaux des anciennes générations, notamment ceux des exégètes et des érudits des différentes époques et civilisations arabo-musulmanes qu'a connues le pays, souligne la même source. Des manuscrits se trouvent également dans des institutions comme les zaouïas et les mosquées et autres structures d'enseignement traditionnel en activité dans différentes régions du Sud et du Nord du pays. Selon des chercheurs ayant pris part à la rencontre nationale sur l'écrit et les ouvrages soufis dans le patrimoine national, organisée du 09 au 12 février à Béchar, il existe deux types de manuscrits : les manuscrits illustrés d'images qui sont conservés dans les collections des bibliothèques et des laboratoires universitaires, et les manuscrits des fonds privés. Le catalogue national serait ainsi un outil au service de tous les programmateurs et prescripteurs culturels sur tout le territoire. Un outil de promotion et de socialisation pour les professionnels. Par Rachida Couri