L'Unesco fait un constat amer sur les corpus linguistiques menacés de disparition. Selon l'Organisation onusienne qui est versée dans le recensement et la préservation du patrimoine mondial, 2500 langues des 6000 langues parlées dans le monde sont en danger. Parmi ces 2500, il y a 8 idiomes suisses. Selon le linguiste Saussure, l'idiome est un " ensemble des moyens d'expression d'une communauté considérée dans sa spécificité. La vie linguistique d'un idiome. Le terme d'idiome désigne fort justement la langue comme reflétant les traits propres d'une communauté ". L'ensemble des résultats mené par une équipe de recherche de 25 personnes est disponible sur l'Atlas, un fascicule accessible gratuitement dans le monde entier, et se présentant comme un outil interactif qui met en lumière des données sur plus de 2.500 langues. Le nombre des idiomes menacés a été multiplié par quatre depuis la première publication de l'Atlas international des langues en péril, en 1996. En Suisse, la langue la plus menacée est le franc-comtois. Cet idiome, parlé dans le nord de la France et le Jura, est considéré comme " sérieusement en danger ", soit le troisième degré d'une échelle de cinq. Le rhéto-romanche, le francoprovençal (Vaud), le Lombard (Tessin et Grisons), le bavarois (parlé à Samnaun, dans les Grisons), le yiddisch et la langue tzigane Sinti sont considérés comme " en danger ", soit le deuxième degré de cette échelle. La langue " alémanique " est quant à elle " vulnérable". Il faut savoir que l'alémanique est un ensemble de dialectes parlés en Suisse, en France (Alsace), dans le sud-ouest de l'Allemagne, dans l'ouest de l'Autriche et au Liechtenstein. Historiquement l'alémanique est un ensemble de langues qui s'est développé dans le bassin de peuplement des Alamans. Tout en rappelant que "notre base s'est élargie, notre méthodologie s'est développée et nous couvrons mieux les terrains ", Françoise Rivière, sous-directrice générale de l'Unesco a indiqué que " cette hausse ne signifie toutefois pas une aggravation de la situation " . L'Inde (196), les Etats-Unis (192), l'Indonésie (147), la Chine (144), le Mexique (144) et la Russie (136) sont les pays où il y a le plus de langues en péril. Pour le linguiste australien Christopher Moseley, qui a dirigé l'équipe de 25 chercheurs, il y a " un paradoxe " selon lequel " plus grande est la diversité linguistique, plus grand est le nombre de langues en péril ". Selon lui, les raisons qui conduisent à la faillite d'une langue viendrait à la fois de facteurs exogènes et endogènes. Les facteurs " militaire " quand il y a " volonté d'éradiquer la vision du monde d'un groupe " et " psychologique " avec la " volonté d'un groupe de se soumettre à la langue dominante " expliquent la menace sur les langues. En plus des politiques éducatives, la pratique est le meilleur moyen de préserver les langues de ces menaces. " Le plus important est de redonner la fierté de parler une langue car il y a tout un univers qui va avec une langue ", a estimé de son coté Rivière. Le résultat des recherches, un atlas en ligne sur les langues en péril, a été présenté à Paris jeudi dernier. Il sera actualisé de façon continue et permettra à l'utilisateur de produire ses propres cartes, à partir d'un pays ou d'une région, ou de faire des recherches par catégorie de langues: mortes, moribondes, sérieusement en danger, en danger, en situation précaire. Il pourra être complété par les contributions des internautes On dénombre 607 langues légèrement en danger, 632 en danger, 502 en grand danger, 538 moribondes et 200 langues qui ont disparues sur les trois dernières générations. Enfin, 199 langues moribondes ne sont plus parlées que par des groupes de 10 personnes. Par exemple, l'an dernier, l'eyak a disparu, avec la mort de la dernière personne qui parlait cette langue en Alaska. En France 26 dialectes sont en grand danger, tels que le breton, le corse, l'occitan voisin, le franco-provençal ou encore le picard. L'Unesco (Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture) estime qu'une langue est en danger "lorsque ses locuteurs cessent de l'utiliser, réservent son usage à des domaines de plus en plus restreints, emploient un moins grand nombre de registres et arrêtent de la transmettre à la génération suivante". "Dans le même temps, des langues apparaissent. D'autres sautent plusieurs générations et sont réappropriées par les descendants des personnes qui les parlaient." estiment les chercheurs. Par Rebouh H.